Il y a une semaine, Emmanuel Macron recevait en grande pompe, à Versailles, 200 présidents de multinationales, parmi lesquels Elon Musk – un modèle pour le président de la République mais pas vraiment pour nous. D'abord, on peut fustiger le symbole douteux d'une rencontre entre des milliardaires et leurs amis macronistes. Les casserolades ont rappelé que nous n'aimions pas trop ce genre d'entre-soi, en France. Ensuite, on nous a annoncé des investissements étrangers, des industries prétendument vertes et une relance économique. Ces promesses peuvent sembler belles pour qui croit encore au libéralisme, au marché et à son autorégulation, mais elles ne nous convainquent pas vraiment.
Les choix commerciaux français et, a fortiori, européens ne tiennent aucunement compte de la reconfiguration des puissances dans le monde, des choix politiques récents de ces dernières ou des urgences sociales et écologiques. Il n'y a qu'à voir la multiplication des traités européens de libre-échange à l'heure du changement climatique – avec le Mercosur, avec le Japon pour le JEFTA, avec les États-Unis pour le TAFTA, avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Indonésie… Pour le Gouvernement, qui l'a encore rappelé hier lors des questions d'actualité, il convient seulement d'acter la prochaine augmentation de température de 4 degrés, sans pouvoir agir sur ses causes. On y peut pourtant quelque chose. Promouvoir des relations commerciales internationales fondées sur le codéveloppement et la coopération plutôt que sur la compétition et la guerre économique, cela pourrait être une solution. Changer nos modes de production, retrouver une agriculture paysanne respectueuse de l'environnement, ne pas avoir à importer du lait, des légumes ou du bœuf de l'autre côté du globe, cela pourrait être une solution. On pourrait aussi instaurer une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne pour favoriser les productions écologiques de proximité, et ainsi de suite… C'est le choix qu'ont fait les États-Unis, qui n'ont pas hésité à rétablir des taxes douanières pour des produits venant de Chine mais aussi d'Europe.
Nous avons parlé de l' Inflation Reduction Act. Les États-Unis ont fait le choix d'investir massivement dans la transition énergétique, par opposition au Pacte vert industriel au sujet duquel Thierry Breton et Ursula von der Leyen ont à plusieurs reprises martelé qu'il ne s'agissait pas de protectionnisme, d'interventionnisme ou d'économie planifiée. En quoi ces pratiques sont-elles mauvaises ? Pourquoi ne peut-on pas les viser ?
Il faut protéger les industries stratégiques contre le pillage général par la finance. On nous a annoncé l'arrivée de multiples investisseurs et entreprises étrangères dans le Nord de la France, où des entreprises comme Samsonite ou Whirlpool ont dû mettre la clé sous la porte. Nous avons besoin d'une planification industrielle écologique, ambitieuse et protectionniste.