La mondialisation et le libre-échange dérégulé, que le Rassemblement national a toujours dénoncés, ont laissé nos frontières grandes ouvertes. Nos industries et nos agriculteurs ont dû faire face à une concurrence déloyale. Les différences de salaire, de protection sociale, de normes sanitaires et, souvent, l'absence de normes écologiques les ont affaiblis et parfois contraints à mettre la clé sous la porte. Nous assistions alors à des délocalisations en masse. Aujourd'hui, vous dressez le constat de ce que nous avons toujours annoncé et dénoncé.
Devant les difficultés économiques, l'inflation, la délocalisation de nos industries et la souffrance de nos agriculteurs, vous évoquez l'application de mesures miroirs. Nous saluons cette prise de conscience mais cela ne rattrape pas le mal qui a déjà été fait, car il est plus facile de prévenir que de guérir. Pensez-vous que ces mesures permettront d'imposer les mêmes conditions de protection sociale – système de retraite, santé – et de normes environnementales ? N'est-ce pas un vœu pieux ?
Le 12 mai, le président de la République a appelé à une pause réglementaire européenne pour permettre la réindustrialisation de la France. Vous reconnaissez implicitement la nécessité d'un protectionnisme mais il reste tremblant et européen. Encore un peu de courage ! Si vous voulez bien défendre les Français, il faut favoriser le souverainisme. L' Inflation Reduction Act de nos amis américains en est la preuve. Qu'allons-nous réellement faire en la matière ?
Un rapport du Sénat de 2018 évoque les préjudices dont se plaignent les entreprises françaises : surcharge administrative, surcoûts massifs, contraintes commerciales et risques juridiques supplémentaires. Pourrez-vous les inclure dans les clauses miroirs ?
Vous déplorez des échanges commerciaux inégaux et vous reconnaissez que l'OMC peine à régler les différends, ce qui revient à mettre en cause le multilatéralisme. Depuis des années, le Rassemblement national promeut le localisme et la logique du « made in France » et des circuits courts, si importants pour notre économie, qui doivent être privilégiés. Lors du Conseil des affaires étrangères dédié au commerce du 25 mai, nous vous enjoignons de privilégier la défense des intérêts français, de notre indépendance énergétique et de la souveraineté commerciale de notre pays, plutôt que de proposer aux producteurs de l'autre bout du monde des normes de production que nous devrions appliquer.