Intervention de Jean-Marc Tellier

Séance en hémicycle du lundi 5 juin 2023 à 16h00
Projet de loi de règlement du budget et d'approbation des comptes de l'année 2021 - projet de loi de règlement du budget et d'approbation des comptes de l'année 2022 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Tellier :

mais bien de l'ensemble des politiques publiques appliquées dans notre pays. Un tel texte, qui vient donc approuver l'exécution des textes budgétaires, ne saurait être une simple formalité technique.

À ce titre, il est essentiel de rappeler les grands points de la politique que vous avez menée en 2022, qui justifient notre opposition au projet de loi de règlement. L'année 2022 a été marquée par une crise inflationniste majeure, l'inflation atteignant 5,2 % en moyenne sur l'année. Pour y faire face, le Gouvernement a pris un paquet de mesures, comportant notamment des primes, des allocations ou des remises exceptionnelles, s'élevant à près de 10 milliards d'euros, ainsi qu'un bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité particulièrement onéreux, dont le montant excède 30 milliards d'euros.

Ces mesures ne peuvent, de notre point de vue, être satisfaisantes car elles ne s'attaquent pas au cœur du problème. Le bouclier tarifaire est simplement venu prolonger un outil qui existait déjà, le tarif réglementé, que vous souhaitez supprimer au profit d'un tarif libre. Nous ne pouvons approuver ce mécanisme palliatif onéreux ; nous lui préférons une solution de bon sens, qui consisterait à sortir du marché européen de l'électricité.

Il en va de même concernant le pouvoir d'achat et les salaires, qui stagnent depuis de très nombreuses années. En effet, en 2022, alors que l'inflation a explosé, les salaires n'ont pas suivi. Plutôt que de prendre des mesures d'envergure pour augmenter les salaires – coup de pouce au Smic, convocation de négociations sur les salaires, voire indexation des salaires sur l'inflation –, vous avez fait un choix onéreux, en versant des allocations et des ristournes, ce qui évite soigneusement de remettre en cause le partage de la richesse dans notre pays. Ce type de mesures dépensières – nous pourrions en citer d'autres – ont eu pour seul objet de se substituer aux entreprises ou de maintenir des mécanismes défaillants.

C'est pourquoi nous nous demandons légitimement où est passée l'exigence de rigueur budgétaire, si chère à M. Le Maire. Après la grande braderie fiscale du premier quinquennat et le « quoi qu'il en coûte », lequel n'a été ni ciblé ni soumis à conditions, le déficit s'avère toujours très important.

Si nous craignons ce déficit, ce n'est pas parce qu'il pourrait conduire à discréditer la France sur les marchés financiers ou auprès des agences de notation, ni même à accroître sensiblement le coût de l'endettement. Malgré les dires de M. Le Maire, il est désormais clairement établi que l'explosion de la charge de la dette, à laquelle nous faisons face, n'est en fait due qu'au recours excessif aux OAT indexées, énième démonstration de votre piètre qualité de gestionnaire. Non, si nous craignons ce déficit, c'est parce que nous savons que, par la suite, vous l'instrumentaliserez pour justifier vos mesures antisociales – les réformes des retraites et de l'assurance chômage en sont les exemples les plus récents.

Sans surprise donc, nous renouvellerons notre opposition à votre politique, en nous opposant aux projets de loi de règlement.

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