Ces chiffres doivent cependant être nuancés par ceux de l'Observatoire de l'influence responsable, qui relevait qu'en 2022, les manquements aux règles en vigueur étaient davantage le fait d'influenceurs ne possédant qu'une faible audience, dont 31 % des contenus analysés ne respectaient pas la loi, que celui d'influenceurs à forte audience, qui tendent à se professionnaliser.
À rebours de la stigmatisation générale des influenceurs, il convient de souligner que le haut niveau d'infraction constaté par la DGCCRF est avant tout le symptôme de la nouveauté de cette activité et des conditions de sa professionnalisation. L'absurdité du métier d'influenceur, c'est qu'il passe nécessairement par une phase d'amateurisme : à leurs débuts, la plupart des influenceurs ignorent ainsi la loi. Légiférer sur le marché de l'influence implique donc de distinguer trois types d'influenceurs : ceux qui n'enfreignent pas la loi car ils la connaissent, ceux qui l'enfreignent délibérément, et ceux qui l'enfreignent inconsciemment.
Aux premiers, cette proposition de loi a le mérite d'apporter des garanties contractuelles définies, même si elles s'accompagnent toutefois de contraintes supplémentaires en matière de publicité. Pour les seconds, ceux qui enfreignent délibérément la loi, il est évident que la proposition de loi devrait n'avoir que peu de conséquences : en effet, il suffit de se rendre à Dubaï pour échapper au droit français.