L'ordre du jour du Conseil est très intéressant. Hélas, Monsieur le ministre délégué, je doute que cette réunion accouche d'autre chose que d'une souris.
Vous dites espérer une mini-révolution mais une fois encore, c'est le conservatisme libéral qui triomphera. Il y a vingt ans, la gauche militait pour une renégociation des traités de libre-échange afin d'y adjoindre des conditions sociales et environnementales. Or depuis, rien. Aujourd'hui, nous devons parer à l'urgence après les mesures que certains de nos alliés, en particulier les États-Unis, ont adoptées. La France et l'Union européenne ont à prendre une décision vitale pour l'avenir : devons-nous continuer à négocier en dépit d'intérêts divergents – y compris au sein de l'Union européenne ? Ou prenons-nous notre courage à deux mains, face à l'urgence climatique et sociale ainsi qu'à l'instabilité géopolitique, pour bifurquer et reprendre en main notre destin ?
L'IRA n'est en aucune façon bon pour nous – je doute même qu'il le soit pour les Américains. Pourquoi ne pas prendre, en miroir, des mesures de protectionnisme solidaire ? Je ne suis pas partisane de l'agressivité mais les États-Unis n'hésitent pas à en faire preuve. Souvenez-vous de l'Aukus, cette alliance au nom de laquelle ils nous ont tourné le dos et – il faut bien le dire – un peu ridiculisés ?
Nous devons prendre des mesures face à des alliés sans états d'âme. Lesquelles ? Êtes-vous prêts à conditionner les échanges internationaux aux normes les plus exigeantes ?
Le Président appelle à une pause réglementaire en matière environnementale. Ce n'est pas du tout une bonne idée, convenez-en. C'est, au contraire, l'inverse qu'il conviendrait de faire pour protéger les intérêts des Européens en instaurant un protectionnisme social et environnemental.