Les progrès effectués en génétique, en numérique, en robotique et en intelligence artificielle, l'exploitation massive des données de santé, l'implication nouvelle du patient dans son parcours de soins vont profondément modifier la pratique médicale et les relations entre soignants et soignés. À terme, la médecine sera un mélange entre génétique, prédiction diagnostique et thérapeutique généralisée. Dans les prochaines années, le tournant en matière de santé environnementale sera avéré, avec un rapprochement entre les deux écosystèmes. Nous commençons déjà à prendre conscience des interactions entre nos modes de vie, la qualité de notre environnement et notre santé. Grâce aux progrès réalisés dans le domaine des sciences du vivant, il est désormais possible d'identifier les forces et les fragilités de notre génome, de poser des diagnostics et d'effectuer les modifications nécessaires pour éviter certaines pathologies. Ainsi, la médecine de demain sera à titre principal non plus curative, mais préventive et prédictive. Les nouvelles technologies seront utilisées pour mieux organiser le système de santé et faciliter l'accès aux soins, grâce à un partage des données de santé entre les professionnels.
Les questions qui se posent dans ce contexte sont d'ordre social et humain. Vous vous êtes précédemment exprimé sur la nécessité de valoriser la relation humaine entre soignants et soignés. La nouvelle médecine ayant un coût de plus en plus élevé, ma préoccupation est la suivante : l'assurance maladie sera-t-elle en mesure de proposer l'accès à ces progrès à l'ensemble des Français ? Devons-nous encourager de tels progrès si nous ne sommes pas en capacité de garantir que tous nos concitoyens pourront en bénéficier ? Ne risquons-nous pas d'aller vers une médecine à plusieurs vitesses ?