Dans son avis du 7 novembre 2022 relatif à la reconstruction du système de soins français sur un fondement éthique, le CCNE soulignait que l'éthique n'était ni optionnelle, ni facultative dans les politiques de santé et appelait à ce que les conditions de travail des soignants soient revalorisées pour être plus attractives et favoriser les dynamiques participatives et l'autonomie des pratiques. L'avis conseillait également de renforcer la démocratie en santé, en assurant une représentation large de la population des différents territoires et régions. Cette réflexion appelait à une réforme du système de santé, afin que ce dernier place la personne au cœur de ses préoccupations. Elle préconisait à cette fin d'une part un accès égal pour tous au système de santé et de soins, d'autre part le respect inconditionnel des personnes soignées et de ceux qui les soignent, principes auxquels nous souscrivons pleinement. La question centrale est à présent de savoir quelles suites seront données à cet avis.
Cela me conduit à formuler une question plus large sur le statut, la nature et le rôle des avis rendus par le CCNE. Comment envisagez-vous la place de ces avis dans le débat public ? À l'heure de l'éternel présent et d'une tendance croissante à la simplification, alors que des questions éthiques prégnantes émergent régulièrement et que nos concitoyens témoignent d'une appétence pour le sens, il est plus que jamais nécessaire de s'extraire des logiques binaires qui prévalent souvent. La responsabilité vous incombe sans doute de faire en sorte que les citoyens et citoyennes de notre pays puissent, dans toute leur diversité, être sensibilisés à certains questionnements essentiels pour l'avenir. Comment envisagez-vous de renforcer ce rôle du CCNE ? Comment nous permettre, collectivement, de réfléchir véritablement au futur auquel nous aspirons ? C'est là tout l'enjeu de cette institution à laquelle nous sommes très attachés.
Je me réjouis par exemple que des travaux soient engagés sur les questions soulevées par le développement de l'intelligence artificielle.
Vous avez également évoqué la dimension internationale : il est évident que les questions éthiques sur lesquelles le comité se penche ne se posent pas qu'en France, mais concernent l'ensemble de l'humanité. Quelles initiatives entendez-vous mener en ce sens ?