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Intervention de Andy Kerbrat

Réunion du mercredi 17 mai 2023 à 9h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndy Kerbrat :

Madame la Défenseure des droits, ce qui est rare est précieux, et les institutions indépendantes comme la vôtre sont rares. Votre présentation du rapport, dont nous saluons tous la richesse et la rigueur, nous arrive en cette journée symbolique de lutte mondiale contre les violences LGBTphobes. Du front homosexuel d'action révolutionnaire (Fhar) à Act up, en passant par la libération de la parole des victimes, les évolutions du droit ont beau avoir été conquises de haute lutte par les gays, les lesbiennes et les trans, les associations nous donnent un constat unanime : l'horizon d'un pays sans acte LGBTphobe est encore bien loin. Les ressources allouées à la défense de ces droits et aux associations sont encore précaires, malgré leur nécessité face aux carences de l'État. La haine monte.

Le rapport SOS Homophobie d'hier annonce une augmentation des agressions de 27 % sur les personnes LGBT par rapport à l'année dernière. La Fondation Jean Jaurès pointe une hausse de 53 % de signalements depuis 2021 et les témoignages de victimes de transphobie explosent dans la famille, à l'école, dans la rue, en entreprise ou encore dans les services publics. Quand on est victime de LGBTphobie, la haine imprègne tous les aspects de la vie. Elle est une spirale d'isolement, de honte, de douleur et de violence. Je pense à Guillaume, piégé et victime de torture pendant trois jours, à Hakim, adolescent trans qui reçoit les coups et les insultes répétés de son père, à Haran, professeur stigmatisé et mis au ban par ses collègues et sa direction, à Coralie, jeune lesbienne « outée » par la jeune fille dont elle était amoureuse, rouée de coups au collège. Je pense à des milliers d'autres qui, pétrifiés, se taisent.

Dans la fonction et l'administration publiques, tant de chemin reste à faire. Les personnels de l'éducation nationale sont inégalement sensibilisés et formés et ne savent pas toujours prévenir et identifier les actes LGBTphobes. Au sein de la police, malgré les promesses, les pratiques n'évoluent qu'à la marge. La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) est impuissante et forme trop peu d'agents. Ainsi, la parole des victimes peut se libérer et les recours devant votre institution se multiplier, rien ne changera tant que des agents de police refuseront de prendre les plaintes, relativiseront ou se permettront des remarques et des humiliations LGBTphobes.

Les saisies sur les discriminations sont peu nombreuses dans votre rapport, à l'inverse des associations qui nous amènent beaucoup d'informations. Pourquoi avons-nous si peu de recours à votre institution sur les violences LGBTphobes ?

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