Je remercie mon collègue de la NUPES, le rapporteur Arnaud Le Gall, pour sa présentation et pour la possibilité qui nous est donnée aujourd'hui de débattre du projet de loi. L'implantation de la BRI à Paris représente une nouvelle étape en matière d'innovation dans le domaine de la finance verte. Nous devons impérativement et urgemment transformer notre modèle global en l'orientant vers des opérations financières favorables à la transition énergétique et à la lutte contre le réchauffement climatique, à court et à long terme. Il y va de l'avenir de nos enfants et de notre planète. Or, pour les écologistes, chaque avancée vers une prise de conscience collective, en particulier de la part des acteurs du système financier, mérite d'être soutenue. Les citoyens ont la volonté de changer de système ; à la BCE de le faire également !
Lundi 4 juillet dernier, la BCE a amorcé le début d'un tournant environnemental en introduisant des critères verts dans certaines de ses opérations. Dans le monde conservateur des banques centrales, il s'agit d'un acte politique fort, qu'il faut saluer, car il rompt avec une longue tradition d'inaction climatique : jusqu'en 2019, 63 % des obligations d'entreprises achetées par la BCE concernaient les secteurs économiques les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Cette décision constitue un premier pas important sur le chemin du verdissement et restera dans les mémoires. Il y a quelques mois, nombreux étaient ceux qui s'inquiétaient de voir la BCE sortir de sa mission officielle – assurer la stabilité des prix. Aujourd'hui, il ne fait plus de doute pour personne qu'elle joue aussi un rôle essentiel en matière de transition écologique.
Il existe un lien direct entre le climat et l'enjeu de stabilité des prix, au cœur du mandat de l'Eurosystème. Les événements climatiques ont des effets très concrets sur la situation énergétique et alimentaire. Ainsi, le prix du blé atteint actuellement des sommets historiques, en partie pour des raisons climatiques. Cette crise de l'alimentation a été amplifiée par la stratégie de la Russie de prendre le monde entier en otage en affamant les autres États. La question de notre souveraineté énergétique et de notre dépendance aux énergies fossiles importées de pays situés hors de l'Union européenne mêle des enjeux à la fois écologiques, sociaux et géopolitiques, sur lesquels les banques centrales ont des leviers d'action importants.
Jusqu'au mois de mars dernier, la Banque centrale de la Fédération de Russie était membre de la BRI. Dans le cadre des sanctions internationales prises après le déclenchement de la guerre en Ukraine, son accès à cette institution a été suspendu, ce qui était indispensable. Rappelons que Vladimir Poutine finance cette guerre avec les exportations de gaz et de pétrole de son pays, lesquelles lui rapportent chaque jour 700 millions de dollars.
Les questions économiques et financières, nous le savons, sont le nerf de la guerre. Je félicite donc le G7 d'avoir interdit l'achat d'or russe. Tout ce qui hâtera la fin du conflit au profit de l'Ukraine doit être encouragé. Nos banques centrales ont aujourd'hui une grande responsabilité face à cette situation et un rôle majeur à jouer du point de vue de la sécurité et de la solidarité internationale.
Le groupe Écologiste – NUPES a bien entendu les propos du Président de la République, dans son discours du 14 juillet, sur le nécessaire virage de la transition écologique et la souveraineté énergétique de la France. Depuis, plusieurs projets de loi ont aussi été adoptés dans notre assemblée. On nous a dit notamment que nous devions remplacer nos approvisionnements en gaz et en pétrole russes par des approvisionnements en provenance d'autres pays. Pour notre part, nous pensons qu'il faut saisir l'occasion de cette crise pour modifier profondément notre système, mener une transition énergétique en faveur des énergies renouvelables et abandonner les énergies fossiles. Il n'est pas souhaitable de nous approvisionner dans d'autres pays en gaz et en pétrole comme le Gouvernement l'envisage avec le gaz de schiste américain chargé sur des méthaniers. La France doit absolument sortir de ce modèle.
Engager une transition écologique, c'est se libérer de la dépendance aux énergies fossiles et investir aujourd'hui pour réduire drastiquement nos dépenses demain. Les années, les mois et les jours sont comptés pour assurer un avenir viable aux générations futures. Les jeunes comptent sur nous !