Non. Uber ne faisait pas une concession en mettant fin à Uber Pop : il s'agissait seulement d'appliquer la loi.
Je ne peux pas me prononcer sur ces rencontres entre Uber et le ministre de l'Économie, puisque je n'en avais pas connaissance. Cependant, force est de constater la cohérence dont témoigne l'attitude d'Emmanuel Macron : comme il l'a répété le 14 juillet 2022 quand il s'est exprimé sur les Uber files, il assume entièrement ces faits. Pour lui, il vaut mieux être chauffeur VTC que « tenir les murs », ainsi qu'il l'a déclaré avant sa première élection. Certes, mais la situation de l'emploi a profondément évolué depuis cette période. Par ailleurs, la qualité de service d'Uber s'est fortement dégradée et de nombreux problèmes juridiques ont émergé. On peut donc lui reconnaître une cohérence idéologique mais il est difficile d'ignorer la question de la protection sociale des chauffeurs aujourd'hui.
D'ailleurs, de plus en plus de jeunes qui se lancent comme VTC aspirent à devenir chauffeurs de taxi et suivent des formations. Depuis le départ, j'insiste sur la nécessité d'une formation de haut niveau : il ne s'agit pas seulement de conduire un client en toute sécurité, mais aussi de parler anglais et de suivre une formation dans les matières liées au commerce. Cette formation devrait faire partie de la réglementation.
Au-delà du statut, il y a d'autres questions importantes. Dans le rapport que j'avais produit – et dont les recommandations ne sont d'ailleurs pas obsolètes – je proposais un observatoire de la mobilité à l'échelle parisienne et l'élaboration d'un rapport d'évaluation de l'application de la loi. Il a fallu un an et demi pour que ce rapport soit produit. J'ai dû poser une question d'actualité au Gouvernement pour l'obtenir – peut-être parce que certains ne voulaient pas le publier, pour ne pas faire part d'influences ou de rencontres : je l'ignore. En tout cas, il importe de réévaluer cette loi et de reprendre les propositions émises dans le rapport d'avril 2014, notamment en créant des voies dédiées entre Paris et les aéroports, en associant davantage les collectivités locales, etc. Il en va de l'intérêt des 60 000 chauffeurs VTC actuels, et du développement de ce secteur – qui est le seul, au sein de l'artisanat, à recruter massivement.