Les Uber files révèlent un lobbying intensif d'Uber vis-à-vis du ministre de l'Économie de l'époque juste après l'adoption de votre loi : recours à des économistes pour soutenir le modèle Uber, publication d'articles pour ringardiser le secteur des taxis, etc. Emmanuel Macron lui-même est arrivé à Bercy cinq semaines plus tard.
Plusieurs figures d'Uber se rendent alors à Bercy : Travis Kalanick, président du groupe, David Plouffe, ancien conseiller de Barack Obama, et Pierre Dimitri Gore-Coty, directeur général d'Uber pour l'Europe de l'Ouest. Mark MacGann, présent à cette rencontre, la résume ainsi à ses collaborateurs : « en un mot, spectaculaire, du jamais vu. On quitte Bercy et on file à l'aéroport. Je vous tape un rapport dans la journée. Beaucoup de boulot à venir, mais on va danser bientôt ».
Dans un compte-rendu rédigé par Uber, ces représentants décrivent leur satisfaction d'être sur la même ligne que Bercy : « globalement, l'objectif du ministère de l'économie est d'avancer afin de clore le dossier VTC-taxis, tout en évitant que trop de barrières soient imposées au développement du secteur VTC ».
Les Uber files laissent entendre qu'Uber a fait part de ses inquiétudes quant à l'application de la loi Thévenoud et sur la durée de formation des chauffeurs, perçues comme des freins au développement de son activité.
L'application Uber Pop devait être interdite par votre loi. Or, les Uber files révèlent que les dirigeants d'Uber ont mené un lobbying intensif pour en détricoter une partie : le 20 janvier 2015, une deuxième rencontre a eu lieu entre Travis Kalanick et Emmanuel Macron, alors qu'Uber était confronté à une enquête judiciaire. C'est à ce moment que s'est engagé le « deal » – pour reprendre les termes du ministre de l'Économie – qui devait, en échange de la fin d'Uber Pop, alléger de manière significative les conditions requises pour exercer l'activité de VTC, permettant ainsi à Uber de recruter massivement des chauffeurs pour envahir le marché.
Je suppose que vous avez continué à suivre l'actualité à ce sujet. Quel est votre point de vue sur ces révélations ? Ce « deal » était-il nécessaire puisque la loi allait mettre fin à Uber Pop ?