Dans votre propos liminaire, vous avez indiqué que vous soupçonniez que les accusations d'ingérence dont vous faites l'objet pouvaient s'expliquer par le fait que tous les gouvernements français depuis celui de Jacques Chirac entretenaient des relations économiques étroites et croissantes avec la Russie.
Le lien de dépendance économique de la France à la Russie s'est en effet amplifié, les investissements français en Russie représentant, selon M. Chevènement, un stock de 18 milliards d'euros. Vous avez indiqué en introduction qu'Engie avait été autorisée à deux reprises à investir dans un gazoduc qui a contourné non seulement l'Ukraine mais également l'ensemble de nos alliés européens à l'est de l'Allemagne ; or je ne crois pas que vous ayez été associée à ce choix. La France est devenue le premier ou le deuxième constructeur de voitures en Russie ; la Société générale a pris des positions très importantes dans ce pays ; Total a fait les plus gros investissements de son existence en Russie.
Bref, tous ces choix ont été faits par les gouvernements successifs. Par ailleurs, parmi les personnalités politiques qui ont des liens établis avec le régime russe, on compte Maurice Leroy, soutien d'Emmanuel Macron à deux reprises, mais aussi François Fillon, qui a appelé par deux fois à voter pour Emmanuel Macron à la présidentielle. Je rappelle enfin, car on le dit rarement, que M. Pouyanné, le président de Total, qui a fait des choix d'investissement en Russie, a soutenu M. Fillon en 2017 sans que cela semble déranger qui que ce soit.
Plus votre carrière politique avance, plus les soupçons d'ingérence vous concernant sont importants. Mais les personnes que je viens d'évoquer n'en ont jamais fait l'objet. Cela appelle-t-il un commentaire de votre part ?