Intervention de Marine Le Pen

Réunion du mercredi 24 mai 2023 à 14h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national :

Depuis un an nous perdons un grand client en raison d'une décision politique dont les éleveurs sont les victimes. » Le 17 mars 2016, Jean-Claude Mignon s'interrogeait : « A-t-il été aussi question de la levée des sanctions contre la Russie, réclamée depuis longtemps par le groupe Les Républicains ? »

Je n'aurai pas la cruauté de lire l'ensemble de telles déclarations mais si vous considérez que s'opposer aux sanctions après l'annexion de la Crimée relevait d'un tropisme pro-russe, alors celui des LR était bien plus marqué que celui du Front national à l'époque.

Non, madame, je n'ai pas de tropisme pro-russe. Ma seule obsession en géopolitique, c'est l'intérêt de la France, qui a un rôle particulier à jouer dans l'histoire et dans le monde. Elle doit pour cela entretenir des relations équilibrées avec l'ensemble des grandes nations, tant que nous ne sommes pas dans la situation de l'agression russe de l'Ukraine, que j'ai immédiatement et à de multiples reprises condamnée.

Vous avez rappelé que j'ai exprimé mon admiration pour Vladimir Poutine. Si je n'ai pas de fascination pour lui, je trouve tout de même admirable qu'un pays ayant passé soixante-dix ans sous le joug communiste et dix ans à être pillé par les apparatchiks de M. Eltsine ait réussi à revenir dans le concert des nations. C'est un jugement objectif, que chacun pourrait tenir.

Toutes les grandes nations ont un narratif, la Russie comme les États-Unis, et je n'en suis pas dupe. Mais dire ce que l'on pense ne signifie pas être soumis au narratif russe – ou alors il faudrait également adresser ce reproche à vos propres amis politiques, et même au dernier gouvernement socialiste. En 2015, M. Matthias Fekl, secrétaire d'État, a ainsi indiqué : « Nous savons par ailleurs parfaitement que ces sanctions ont un impact très fort sur certains secteurs industriels […]. C'est pourquoi je mène, avec Stéphane Le Foll, une diplomatie des terroirs pour ouvrir des nouveaux marchés […]. » De même, Manuel Valls, alors Premier ministre a déclaré : « En la matière, comment pouvez-vous dire que nous n'agissons pas au niveau de la PAC – politique agricole commune – et de l'Union européenne ? Comment pouvez-vous dire que nous n'agissons pas au niveau international alors que le ministre de l'agriculture s'efforce de lever tous les embargos, notamment avec la Russie ? » Si le fait d'avoir une opinion politique vous soumet immédiatement à l'accusation de soumission au narratif russe, alors nous étions assez nombreux, tous bords politiques confondus, à encourir ce reproche. Je conteste évidemment cette accusation.

Concernant le communiqué que j'ai publié après le crash de l'avion, je suis victime d'une forme de mauvaise foi. Vous ne l'avez certainement pas lu jusqu'au bout : j'y réclamais la tenue d'une enquête internationale car il me semblait prématuré d'accuser un camp plutôt qu'un autre, qu'il s'agisse des forces séparatistes du Donbass, des habitants de la Crimée ou des forces ukrainiennes. Je me montre toujours extrêmement prudente lorsque de tels événements se produisent.

Vous avez rappelé que nous avons voté différemment sur certains sujets : cela s'appelle la démocratie ! Cela n'a rien d'incroyable puisque nous n'appartenons pas aux mêmes mouvements. J'assume cette divergence, qui ne peut donner lieu à un quelconque soupçon d'ingérence – du moins, je l'espère ! Concernant la Crimée, je vous ai cité les propos de Nicolas Sarkozy, avec lesquels j'étais d'accord : ils ne pouvaient lui valoir la moindre accusation.

J'en viens à votre question sur le prêt. La commission en perçoit-elle l'injustice ? Je n'avais aucun pouvoir sur la structure qui a racheté les créances de la banque en faillite, aucune responsabilité. La décision de reprise des actifs de la banque a été prise par la justice russe, comme cela se ferait en France en cas de faillite d'une entreprise. Nous nous en sommes d'ailleurs inquiétés auprès de la CNCCFP car les partis politiques n'ont pas le droit de bénéficier d'un soutien financier de la part de sociétés. Nous lui avons expliqué que, de manière totalement indépendante de notre volonté, une société avait racheté la banque. La CNCCFP ne nous en a évidemment pas tenu rigueur et a eu l'honnêteté de reconnaître que nous ne pouvions absolument pas faire autrement.

J'étais dans l'obligation de rembourser ce prêt car l'argent appartenait au créancier, qui n'a fait que nous le prêter. Si je ne l'avais pas fait, j'aurais condamné mon mouvement à mort pour avoir gravement enfreint les règles de financement des partis politiques. J'entends bien que vous cherchez à me prendre en défaut mais, en l'espèce, je ne pouvais pas faire autrement. Certes, il se trouve que la structure avait changé mais je n'ai pas eu mon mot à dire.

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