S'agissant du périmètre, il faut établir des filières : tout le monde ne peut pas être généraliste. Nous avons besoin de diplomates qui ont une compétence européenne en plus de quelques autres compétences, comme une compétence « stratégie », une compétence « développement » et une compétence « affaires globales ». Nous devons construire les systèmes de carrière des agents, afin qu'ils aient toujours leur spécialité géographique et cette compétence spécialisée leur permettant d'être crédibles dans les affaires dont ils traitent avec les autres ministères.
Ensuite, il faut accepter l'idée que, dans le monde moderne, l'action de la France à l'extérieur doit rester plurielle. Si vous enlevez l'indépendance intellectuelle des UMIFRE, ils ne servent plus à rien. Ils ne figurent pas dans notre rapport, dans la mesure où ce réseau est rattaché au Quai d'Orsay mais composé exclusivement de personnes choisies par leurs pairs et qu'il est financé soit par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, soit par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, selon les cas. Nous exerçons une protection bienveillante mais nous nous gardons bien d'intervenir dans leur travail car cela serait radicalement contraire à leur indépendance et à la manière dont ils regardent le monde. Il est important pour la France de garder la capacité de doubler le regard des diplomates, qui sont des opérationnels, par celui des universitaires et des scientifiques, qui ont une capacité de projection plus profonde et plus large.
Nous avons décidé de ne pas revendiquer un accroissement du ministère par absorption des services économiques extérieurs, parce qu'il nous a semblé que le combat n'était pas gagnable dans l'état actuel des choses. Nous avons considéré qu'il fallait d'abord renforcer le ministère dans sa structure et ses fonctions actuelles, avec un professionnalisme accru. Ce choix est sans doute discutable et discuté mais nous l'avons fait au nom de la capacité à présenter des options réalisables, dans les circonstances dans lesquelles nous opérons aujourd'hui.