Je vous remercie pour votre rapport complet qui nous permet de réfléchir à la nécessité de renforcer nos corps diplomatiques. Dans un monde de plus en plus complexe et confronté à de multiples crises, la diplomatie est en effet plus que jamais essentielle. La France, disposant du troisième réseau diplomatique mondial, a besoin de ces hommes et de ces femmes dotés d'une expérience unique, précise et irremplaçable. Ce sont eux qui prennent des initiatives et négocient, notamment sur des dossiers inédits comme le climat et la biodiversité. C'était notamment le cas au moment de l'ambitieux accord de Paris, qui demeure la pierre angulaire des politiques mondiales de lutte contre le réchauffement climatique.
Aujourd'hui, je me demande si nous serions encore capables de refaire les négociations de la COP 21, compte tenu du démantèlement de notre diplomatie. J'avoue que je n'en suis pas certaine. La réalité est alarmante : après des années de coupes budgétaires, la réforme des corps diplomatiques, décidée unilatéralement et sans débat au Parlement, conduira à la mise en extinction des corps historiques du Quai d'Orsay.
Un tiers de nos agents envisagent même de quitter définitivement le ministère. Cette situation ne peut plus durer. Il est urgent de redonner les moyens et une vision ambitieuse à nos personnels diplomatiques. La création de 700 postes d'ici 2027 et l'augmentation de 20 % du budget du ministère de l'Europe et des affaires étrangères représentent un timide début. Nous devons faire beaucoup plus, d'autant que ces postes sont annoncés sans le détail de leur ventilation au sein des différents services. Par exemple, nous ne savons pas combien de postes seront dévolus à notre action extérieure.
Je rappelle que 2 850 emplois ont été supprimés entre 2007 et 2021 ; sur une trentaine d'années, les effectifs ont été réduits de moitié sur ce ministère. Dans ce contexte, il crucial de ne pas négliger les questions d'égalité, d'inclusion et de diversité. Lorsque l'on voit en parallèle les moyens exorbitants accordés à la future loi de programmation militaire (LPM), comment comprendre que le Quai d'Orsay soit le seul ministère régalien à ne pas bénéficier d'une loi de programmation qui lui permettrait de se projeter dans l'avenir ? Sans loi de programmation et compte tenu du démantèlement progressif de nos corps diplomatiques, de quelle vision d'avenir la France se dote-t-elle concernant sa politique extérieure ?