S'agissant du périmètre, nous nous sommes demandés s'il fallait consacrer beaucoup de temps à la question des relations avec Bercy et des attributions respectives. Nous en avons conclu que nous devions d'abord commencer par réarmer et réorganiser le ministère avant de passer à la conquête de directions internationales. Ce choix est assumé : il permet d'éviter de se lancer dans des guerres inutiles et perdues d'avance mais aussi de nous concentrer sur ce qu'il faut faire en premier.
Le métier diplomatique n'est plus réservé aux chancelleries ; il ne se fait plus exclusivement dans les ministères des affaires étrangères. De fait, les ambassades sont des lieux d'interministérialité. L'interministérialité existe déjà et la question qui se pose aux diplomates est de savoir s'ils sont à la hauteur des exigences de cette interministérialité, c'est-à-dire s'ils acceptent de se plonger dans les affaires globales, autant qu'ils l'ont fait pour les affaires européennes ou les affaires stratégiques. Il me semble à cet égard que les mesures qui sont en train d'être prises pour consolider ce savoir-faire des diplomates constituent la meilleure réponse.
L'AFD est une grande maison, qui a été extraordinairement développée, avec des initiatives notamment inspirées par Jean-Michel Severino et poursuivies par d'autres directeurs, à la demande du pouvoir politique. Il a ainsi été décidé de construire une grande AFD, qui soit à la fois une banque et qui devienne le lieu de l'expertise. La vraie difficulté pour les diplomates consiste à construire l'appareil d'une tutelle authentiquement stratégique. Il s'agit ainsi de nous mettre au niveau. Nous avons été frappés, lors de nos auditions, d'entendre plusieurs interlocuteurs distingués nous demander pourquoi le Quai d'Orsay avait perdu la culture de développement, c'est-à-dire la capacité à comprendre les enjeux du développement.
Il nous faut travailler à cette question du développement dans le cadre de la réforme de la direction générale de la mondialisation, mais aussi sur le lien entre la direction de l'Union européenne et les ministères, sur la circulation des diplomates dans l'État et sur l'accueil par les diplomates d'acteurs d'autres ministères dans leur travail.