Monsieur le représentant permanent de la France auprès de l'Office des Nations Unies à Genève et des organisations internationales en Suisse, nous vous recevons aujourd'hui en votre qualité de rapporteur général des états-généraux de la diplomatie. Merci de venir nous livrer le bilan que vous tirez de cette expérience inédite, à laquelle mon homologue du Sénat, Christian Cambon, et moi-même avons été associés avec beaucoup d'intérêt.
Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, je rappelle votre très brillante carrière. Vous avez été en poste à New Dehli, au Koweït, à New York. Vous avez été conseiller puis porte-parole de la présidence de la République entre 1997 et 2007. Vous êtes devenu ambassadeur en Inde, puis en Espagne ; vous avez été directeur pour l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, conseiller du premier ministre en 2020 et vous êtes aujourd'hui le représentant permanent de la France auprès des Nations-Unies, à Genève.
Il s'agit là de nombreux postes importants, qui ont nécessité de s'adapter à des pays avec des systèmes politiques très différents, avec également des passages en administration centrale, en cabinet au plus haut niveau et dans les organisations multilatérales. Vous étiez donc tout désigné pour mener à bien la réflexion sur ces états-généraux de la diplomatie
La suppression des corps diplomatiques dans leur forme traditionnelle a été diversement appréciée par les membres de notre commission, à commencer par moi-même. Les états-généraux lancés en septembre 2022 ont permis de conduire un exercice de réflexion collective reposant sur une large concertation des agents diplomatiques. Il s'agissait là, de manière ouverte et inclusive, d'analyser les évolutions des missions et des métiers diplomatiques et consulaires, dans une communauté internationale en mutation profonde.
Cette démarche a donné lieu à 90 heures d'ateliers, à la rencontre de près de 400 agents en poste à l'étranger et à la consultation de plus de 5 000 membres du personnel d'un ministère qui en compte au total 13 600.
À l'issue de ce travail, il vous est revenu de rédiger le rapport final de ces états-généraux, que vous avez remis à la ministre de l'Europe et des affaires étrangères le 15 mars dernier. Il a pour ambition de refléter la perception des agents sur les conditions d'exercice des métiers de la diplomatie et formule des recommandations concrètes et opérationnelles pour renforcer l'efficacité de celle-ci.
L'Assemblée nationale et notre commission ont été assez peu consultées sur la suppression des corps diplomatiques, ce qui a suscité un certain nombre de frustrations chez nos collègues. Un rapport d'information, élaboré par deux de nos collègues, messieurs Vincent Ledoux et Arnaud Le Gall, a bien été publié en janvier dernier, après l'entrée en vigueur de la réforme ; néanmoins, il ne parvient pas à des conclusions communes, preuve que le sujet divise. Comme vous êtes ambassadeur, votre mission fondamentale est d'éliminer les frustrations ; vous allez donc pouvoir répondre à nos interrogations.
Nous avons accueilli avec satisfaction l'annonce par le président de la République à la clôture des états-généraux de la diplomatie que les effectifs du ministère de l'Europe et des affaires étrangères allaient augmenter de 700 équivalents temps plein (ETP) en quatre ans et que les crédits s'accroîtraient sur la même période, pour atteindre 7,09 milliards d'euros en 2027. Notre commission n'avait cessé de vivre avec énormément de frustration et d'inquiétude la manière dont ce ministère évoluait au cours des dix dernières années, en termes de diminution d'effectifs, de locaux ou d'antennes culturelles et nous avons apprécié que M. Le Drian et le président de la République aient mis le holà à cette dérive importante.
Mais je vous cède la parole, monsieur l'ambassadeur, pour expliquer le sens de l'exercice que vous avez présidé.