Par cet amendement, nous demandons un rapport sur le bilan des évolutions et leçons tirées des vingt ans de lutte contre le terrorisme par les armées. Nous le devons aux cinquante-huit Français morts au Mali et, plus largement, à toutes celles et ceux qui sont tombés au service de la France depuis la guerre d'Afghanistan. Notre outil militaire expéditionnaire doit s'adapter à l'évolution de menaces prévisibles à l'horizon 2035-2040. Voilà donc venu le moment de tirer toutes les leçons de vingt ans de lutte contre le terrorisme en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe.
Le rapport annexé le mentionne timidement mais, pas plus que la revue stratégique, il ne fait état d'aucune conclusion sur la lutte contre le terrorisme. Cette conception des conflits contemporains reste imprégnée de celle des faucons formés à l'école de la crise irakienne, qui croient sincèrement à la lutte contre le terrorisme par les seules armes. Or les auditions en commission nous ont rappelé qu'on ne détruit pas par les armes un mode opératoire, et encore moins une idéologie.
Le rapport que nous demandons est aussi une nécessité pour nos finances publiques. En effet, selon un rapport de la Cour des comptes de février 2021, les opérations militaires françaises dans la zone sahélo-saharienne ont coûté 1 milliard d'euros par an au budget de l'État.
Nous avons pris l'habitude de nous étaler sur les raisons de l'échec américain en Afghanistan, après vingt ans de présence de leurs troupes. Mais qu'en est-il de la présence française au Mali ? En 2013, l'opération Serval était décrite comme triomphante et on a célébré la démocratie malienne. Dix ans plus tard, après deux coups d'État, nos forces ont été totalement expulsées du pays. Quant à la menace terroriste djihadiste dans la région, elle est plus forte que jamais, d'autant que des chefs la structurent. C'est dans un esprit de compréhension, et parce que nous cherchons à établir un bilan, que nous formulons cette demande de rapport.