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Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du vendredi 26 mai 2023 à 15h00
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

Lors de nos discussions sur l'outre-mer, il a été souligné que c'est une chose d'avoir un bateau au port et une autre qu'il prenne la mer pour exécuter ses missions. Nous sommes ici dans l'épure de notre modèle d'armée, qui est celui d'une armée d'emploi.

Le raisonnement est le même pour l'aéronautique : c'est une chose que d'acheter des avions neufs, c'en est une autre que d'avoir un plan de formation et d'entraînement qui fonctionne. Je prends un exemple de première partie de LPM, celui de l'A400M : le volume d'heures de vol va quasiment doubler entre 2024 et 2027, soit avant la fin du quinquennat. Dans le même temps, la simulation – élément clé de l'entraînement de l'aéronautique – va se développer.

Pour l'entraînement terrestre, l'objectif est d'atteindre en 2030 pratiquement 100 % de la norme. Il y a aussi la modernisation du char Leclerc. Tout cela reprend plusieurs agrégats.

En tant que législateurs, si vous souhaitez davantage de visibilité concernant le niveau d'entraînement, le Gouvernement, en s'appuyant sur les états-majors – car ces questions sont très techniques –, peut documenter le rapport annexé en fixant des cibles à terme, mais aussi, éventuellement, certains points de passage – ce pourrait être l'année 2027, par exemple, car le rapport annexé prévoit plusieurs bilans d'étape cette année-là.

Ne nous racontons pas d'histoire, ce sujet ne passionne pas les foules, mais il intéresse de nombreux militaires qui suivent nos débats derrière leurs écrans, parce que l'entraînement est crucial pour la fidélisation des forces – il est tout aussi important que les questions indemnitaires et indiciaires dont nous avons beaucoup débattu hier. Un jeune soldat de 22 ou 23 ans n'a pas envie d'attendre pour pouvoir s'entraîner au maniement de son armement, il veut comprendre et apprendre le métier des armes.

Je vous demande toutefois de retirer vos amendements, car les objectifs y sont formulés selon des critères trop larges. Par exemple, vous prévoyez d'atteindre un nombre de jours de mer pour l'ensemble de la marine, or ce nombre n'a pas la même valeur selon qu'il s'agit d'un porte-avions ou d'un sous-marin nucléaire d'attaque. Il faut donc réfléchir à des agrégats de critères, qui pourraient servir d'étalonnage et être combinés avec des objectifs datés – votre intuition est la bonne à cet égard.

En tout cas, vos amendements nous placent au cœur même de la fonction du rapport annexé ; je vous en remercie. Si mon avis est défavorable sur l'ensemble, c'est donc seulement à cause de leur rédaction et non de ce qu'ils proposent. Outre l'allocation de fonds nouveaux, c'est, entre autres, grâce à la valorisation de l'entraînement que ce projet de LPM pourra être un succès et transformer les choses – nous serions en tout cas de piètres programmateurs militaires si nous en faisions l'économie trop vite.

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