Il s'agit de revenir sur la question du programme MGCS qui, nous en avons la conviction, hélas ! n'aboutira pas. En effet, symptôme de la crise que nous allons traverser, l'Allemagne a récemment passé commande de chars Leopard : jusqu'à 141 exemplaires. Or, cette commande, avez-vous dit, monsieur le ministre, modifie le calendrier des besoins de notre voisin. Je ne vous le fais pas dire !
Que fait donc Rheinmetall, en la circonstance ? Il oblige son concurrent, KMW-Nexter, à mobiliser ses ressources dans un projet qui n'aboutira pas, de sorte que la France – qui, à la fin du processus, sera incapable de produire réellement un char, faute d'avoir pu conserver les savoir-faire nécessaires – n'aura plus qu'à acheter sur étagère, en Europe, à un producteur capable : j'ai nommé Rheinmetall.
Pourquoi peut-il se permettre d'agir de la sorte ? Pourquoi l'Allemagne ne bougera-t-elle pas ? Parce que les Leopard sont en partie construits par KMW. Elle gagne donc sur toute la ligne. À la fin du processus, le MGCS aboutira à un produit que l'Allemagne ne sera pas prête à acheter et que l'on ne pourra pas exporter, les compétences se seront perdues et Rheinmetall aura la possibilité, le cas échéant, de racheter un concurrent européen. C'est tout bénef ! La stratégie est déjà fléchée : c'est clair et net.
Nous vous proposons donc de ne pas vous entêter : lancez dès à présent une commande ferme aux industriels français capables, sans perdre de temps à contempler un miroir aux alouettes.