Je commencerai par présenter les amendements n° 725 et 726 et je finirai avec le n° 724.
L'amendement n° 725 vise à rétablir la Belgique, avec laquelle notre proximité n'est pas que géographique, dans la liste des partenaires privilégiés de la France. Je ne m'appesantis pas sur le sujet, puisque vous avez déjà parlé du programme CaMo. J'ai aussi souhaité ajouter, à l'amendement n° 726 , la République tchèque, avec laquelle notre partenariat est déjà relativement dense, par exemple pour la fabrication de Titus ; elle a également participé à la task force Takuba. Il me semble que ces deux pays mériteraient de figurer dans la liste des partenaires privilégiés.
S'ils n'y figuraient pas, c'est très abusivement que l'on y inscrirait l'Allemagne. Comme vous l'avez dit, monsieur le ministre, le Scaf et le MGCS n'en sont encore qu'à leurs débuts ; ils n'ont pas encore porté leurs fruits et, même si nous avons des réserves, on peut considérer que ces projets offrent des perspectives. Néanmoins, le bilan concret, permettez-moi l'expression, n'est pas flambard.
La commande allemande d'avions A400M, par exemple, est passée de 73 à 53 unités.
Le programme de missiles Mast-F avait fait l'objet d'un accord en 2017 pour équiper le Tigre ; il a été abandonné un an plus tard au profit du Spike israélien.
En novembre 2017, l'Allemagne commande 2 satellites optiques OHB, en trahison des accords de Schwerin, dont mon collègue Lachaud se fera fort de vous rappeler la teneur.
Le 20 avril 2020, l'Allemagne commande 45 F/A-18 Super Hornet de Boeing pour environ 9 milliards d'euros qui doivent, à partir de 2025, commencer à remplacer une partie des Tornado ; sur ces 45 avions, 30 serviront à l'emport de la bombe nucléaire. On voit qu'il y a déjà quelque chose de bizarre pour l'avenir du Scaf.
Il y a, évidemment, les commandes des Eurofighter Typhoon ; il y a aussi, en novembre 2020, la déclaration de la ministre de la défense de l'époque, Annegret Kramp-Karrenbauer : « Les illusions d'autonomie stratégique européenne doivent cesser. » Je passe sur les différentes avanies liées au développement du Scaf…
En juin 2021, c'est l'épisode des avions de patrouille maritime du programme Maws.
En décembre 2022, la signature d'un contrat avec Lockheed Martin pour 35 F-35 américains. Il y a évidemment la question de la modernisation du Tigre Mk3, ou encore celle de l'Eurodrone ; je m'appesantirai plus tard sur la question du char de combat MGCS.
Il y a aussi les rivalités au sein de l'Agence spatiale européenne, avec la promotion accordée indûment, à nos yeux, à Isar Aerospace, alors même que l'Allemagne possède ArianeGroup qui est, de fait, une entreprise franco-allemande. Il y a une recherche d'hégémonie au sein de l'Agence spatiale européenne. Il est aussi utile de rappeler qu'en réponse à un questionnaire de la Commission européenne concernant le domaine spatial, en avril 2021, l'Allemagne écrivait : « L'Allemagne ne voit pas la Commission européenne et l'Union européenne se charger de la mission d'assurer un accès indépendant, fiable et rentable à l'espace. Jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de concurrence européenne possible dans les catégories actuelles de lanceurs Ariane et Vega, alors qu'une concurrence vivante émerge dans le domaine des microlanceurs dans toute l'Europe. La prochaine étape logique serait de développer cette concurrence sur des systèmes de lancement et de charges utiles plus lourds. » Je n'ai pas besoin de vous faire un dessin.
Le clou du spectacle, c'est évidemment la Zeitenwende, avec l'ambition de l'Allemagne de devenir la première armée conventionnelle du continent. J'ai bien l'impression que l'Allemagne n'est pas un partenaire privilégié, mais bien un compétiteur qui a l'intention de tailler des croupières à la France.