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Intervention de Laurent Jacobelli

Séance en hémicycle du vendredi 26 mai 2023 à 9h00
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Jacobelli :

Cette discussion commune portera sur le titre figurant à l'alinéa 58, dont je vous donne lecture : « Des coopérations au service de l'autonomie stratégique européenne dans le respect de la souveraineté française ». Il me semble qu'à moins d'être tombés dans une faille spatiotemporelle, nous ne sommes pas ici à Bruxelles mais à Paris. Nous devons donc avoir comme seul intérêt l'autonomie stratégique et la souveraineté de la France, en collaboration bien sûr avec nos partenaires européens. C'est la raison pour laquelle nous vous proposons de supprimer plusieurs mots afin que le titre devienne « Des coopérations au service de la souveraineté française ». On affirmera ainsi que sans rejeter l'idée de coopération – il arrive en effet, pourquoi pas, que des partenariats européens permettent de trouver des financements et de compléter des technologies –, nous condamnons en revanche l'idée de partenariats idéologiques.

Lorsque le Président de la République demande aux armées de travailler avec l'Allemagne sur l'avion ou le char du futur, alors que nous n'avons ni les mêmes objectifs, ni les mêmes intérêts ni la même vision stratégique de ces deux appareils, on va forcément dans le mur ! C'est ce que l'on constate pour les deux projets. S'agissant du système de combat aérien du futur (Scaf), les industriels tirent la sonnette d'alarme et ils ne sont pas les seuls. Quant au système principal de combat terrestre (MGCS), tout le monde dit, dès que les caméras se détournent, que ce char du futur va dans le mur ! Nous sommes dans une situation paradoxale où la France ne produit plus de chars, attendant l'arrivée du char franco-allemand, alors que l'Allemagne – pas folle, la guêpe ! – continue d'exporter ses chars allemands.

Cela donne l'impression que nous sommes d'une naïveté confondante. Nous parlons de collaboration à tout bout de champ et nous faisons de la défense européenne un substitut à la défense française. Je crois qu'il faut remettre les deux pieds sur le sol. Nous sommes ici en France, nous parlons de la défense et de la souveraineté de notre pays. La souveraineté est liée à une nation, or il n'y a pas aujourd'hui de nation européenne. Alors travaillons ensemble avec des partenaires – y compris avec le Royaume-Uni, même s'il ne fait plus partie de l'Union européenne – lorsque nous sommes d'accord sur un projet et sur son financement et qu'il existe une véritable complémentarité entre nos savoir-faire. Notre groupe n'accepte pas, en revanche, que l'on substitue une éventuelle souveraineté européenne, ou une priorité européenne, à l'intérêt national. Ce serait contraire aux intérêts de la France. Voilà pourquoi nous proposons une réécriture du titre de l'alinéa 58.

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