Merci beaucoup pour votre question, monsieur Peu, qui me permet d'apporter publiquement des clarifications sur ce projet, lancé par le Président de la République en 2018, comme vous l'avez rappelé. En 2020, une première procédure d'appel à projet pour le jardin des Tuileries n'a malheureusement pas pu aboutir. Le ministère de la culture souhaitait une œuvre symbolique et esthétique ; les associations, notamment Serge Romana avec lequel je travaille étroitement, voulaient un monument en prise avec la réalité, portant le nom des esclaves affranchis.
Le projet n'a néanmoins pas été abandonné, il a simplement changé de porteur. Le Président de la République a décidé que ce serait le ministère des outre-mer qui aurait désormais la responsabilité de ce dossier. Je l'assume avec plaisir, en pensant à tous mes amis ultramarins.
Plusieurs questions se posent, à commencer par celle du lieu. Avec la maire de Paris, nous cherchons une implantation autre que celle prévue dans les jardins des Tuileries, une implantation qui soit symbolique de la République, des luttes contre l'esclavage et des formes de résistance en général. Les échanges se poursuivent. Il nous faut obtenir l'accord des architectes des bâtiments de France après avoir recueilli celui du préfet. Je veux éviter à tout prix les recours qui pourraient être formés contre ce monument, au motif qu'il défigurerait Paris. D'où mes discussions franches et longues avec Anne Hidalgo, son directeur de cabinet et son adjoint chargé des outre-mer, Jacques Martial.
Le comité de pilotage que j'ai décidé de créer devrait se réunir dès le mois de juin afin de choisir un lieu à Paris. Il doit à la fois être symboliquement fort, comme je l'ai dit – il importe qu'il se situe à proximité des lieux ayant un lien avec la Révolution française et l'abolition de l'esclavage –, et être en mesure d'accueillir un monument architectural où seront inscrits des dizaines de milliers de noms – un débat porte sur leur nombre exact : 80 000 ou 200 000. Les choses progressent.
Une fois l'implantation fixée, un appel à projet sera lancé, probablement à la fin du mois de juin. À l'automne, le comité de pilotage devrait pouvoir sélectionner les trois candidatures les plus prometteuses. Si tout se déroule comme prévu, j'ai pour ambition d'annoncer, aux côtés de la Première ministre, de la maire de Paris et de Serge Romana, le nom du lauréat au printemps 2024, notre objectif étant d'inaugurer le mémorial le 23 mai 2025.
J'ajoute que nous avons aussi pour projet d'ériger un mémorial à Matouba en Guadeloupe, à l'endroit même où Louis Delgrès et ses hommes se sont suicidés en faisant sauter leur refuge.
Je vous remercie pour votre soutien, monsieur le député.