En 2017, soit près de douze années après le vote de la grande loi handicap – loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées –, Emmanuel Macron avait fait de l'école inclusive l'un de ses grands chevaux de bataille.
En l'espace de quatre ans, nous sommes passés de 320 000 élèves en situation de handicap à plus de 400 000 – progression qu'il nous revient de saluer. Plus important encore, celle-ci s'est accompagnée de moyens inédits, afin d'augmenter de 35 % les effectifs d'AESH – accompagnants d'élèves en situation de handicap –, véritables piliers de notre politique inclusive.
Cependant, si, à l'unanimité, les acteurs de terrain soulignent ces avancées, de nombreuses difficultés continuent de peser sur les personnels et affectent directement la qualité de l'enseignement dispensé à l'ensemble des élèves. De nombreuses réunions de travail auprès des AESH et des enseignants du Sud Seine-et-Marne mettent en lumière des problèmes majeurs.
Tout d'abord, le recrutement de ces professionnels est difficile. Il est donc impossible de répondre efficacement à l'ensemble des demandes d'aides humaines. En réalité, l'explication est assez simple. Comment vivre décemment, en 2023, avec à peine 800 euros par mois ? Dès lors que l'on cite ce montant, tout est dit : le choix de devenir AESH ne semble pas considéré comme un véritable choix de carrière. Or cette analyse est fausse. En outre, il ne valorise pas le travail réalisé sur le terrain. Le travail des AESH complète celui des enseignants, puisque les premiers disposent de compétences spécifiques, qui permettent d'adapter l'école au handicap.
Les retours de terrain recueillis par M. Valletoux témoignent que les AESH – qui sont le plus souvent des femmes – subissent quotidiennement ce manque de considération pour leur travail, qui se traduit par un manque d'accompagnement. Très concrètement, combien d'entre elles sont affectées dans une école, sans avoir connaissance des actions pédagogiques, psychologiques, éducatives, sociales, médicales et paramédicales dont l'élève a besoin ? Combien d'entre elles sont confrontées à des handicaps pour lesquels elles n'ont reçu aucune formation ? Combien d'entre elles sont affectées dans un établissement sans avoir reçu de formation initiale malgré leurs demandes ? Vous l'aurez compris, elles sont seules et livrées à elles-mêmes.
M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, prévoit-il d'accorder une place importante aux réflexions sur l'école inclusive dans le cadre du volet éducation des « cent jours » ? En effet, si rendre l'école inclusive est souhaitable, on doit lui donner des moyens afin qu'elle n'affecte pas le cadre d'enseignement de tous.