D'abord, ces 2 % sont l'un des critères définis par l'Otan, j'y reviendrai. Quant à l'Otan, il ne se limite pas aux Américains. Gardons-nous de tout antiaméricanisme primaire – nous y reviendrons aussi dans un instant. Il est clair, quoi qu'il en soit, que, comme tous les indicateurs généralistes s'appliquant à l'ensemble des pays, cet objectif de 2 % a parfois un caractère virtuel – je l'ai dit en commission. Vous avez donc raison, messieurs Lachaud, Roussel et, également, Saintoul – par construction, ou par mimétisme –, pour dire que ce critère a, par définition, ses limites. Ce n'est pas la variation du PIB, en effet, qui fait évoluer les menaces – vous l'avez souligné, monsieur Roussel – ou les efforts de défense que nous devons réaliser en matière opérationnelle.
J'ajouterai ensuite que nous avons déjà atteint les 2 % en 2020, lorsque le PIB s'est écroulé durant la crise liée au covid-19. Cela montre bien les limites de cet objectif, puisque l'armée française allait moins bien en 2020 qu'elle ne va en 2023 ou qu'elle n'ira demain grâce aux différents efforts que nous vous proposons.
Quels critères faut-il retenir pour que la comparaison ne soit pas biaisée ? L'amendement de Mme Rabault, auquel je serai favorable, vise précisément à intégrer les charges de pension dans le périmètre des 2 %, ainsi que le prévoient les critères otaniens. Il faudrait ainsi, pour ne pas fausser la comparaison avec les autres pays de l'Otan, ajouter aux 69 milliards du budget des armées les 10 milliards correspondant aux pensions. Si vous souhaitez modifier le texte dans ce sens, j'y serai favorable.
Deuxième point : on ne peut pas comparer avec n'importe quel autre pays la France, qui doit assurer sa souveraineté sur ses territoires d'outre-mer, qui est une puissance dotée et met en œuvre seule sa dissuasion nucléaire, et qui dispose d'une armée expéditionnaire assumant et assurant des missions visant à garantir ses intérêts, contrairement à d'autres pays dont les armées ne prennent pas les mêmes risques.