Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du lundi 22 mai 2023 à 21h30
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

Sur les amendements, l'avis est évidemment défavorable parce que nous souhaitons discuter du fond.

J'en profite pour répondre à l'intervention de M. Saintoul sur l'article 2. Nous avons assisté à une véritable entrée en mêlée d'une infanterie. Vous avez mis tous les sujets sur la table. Nombre des questions que vous avez évoquées ont tout de même fait l'objet de réponses précises en commission. Pour certaines d'entre elles, je m'étais engagé devant vous à répondre dans l'hémicycle – nous y reviendrons au cas par cas.

S'agissant du fait de privilégier la cohérence sur la masse, je persiste et signe. En nous reprochant des renoncements ou en estimant que le tableau capacitaire est incomplet, vous faites de la politique – c'est de bonne guerre. Je démontrerai qu'il n'en est rien.

Je l'ai indiqué tout à l'heure lors de la présentation du texte, nos armées ont beaucoup souffert du fait qu'on se souciait davantage du nombre d'hélicoptères inscrits dans un tableau capacitaire que du nombre d'hélicoptères en mesure de voler. Or, qu'on le veuille ou non, un Griffon du programme Scorpion, c'est bien, mais s'il s'accompagne de ses pièces détachées, de son MCO – maintien en condition opérationnelle –, de son infrastructure, de l'ensemble de ses connectiques et des logiciels qui assurent l'interconnexion avec la galaxie Scorpion, c'est mieux.

Nous n'y échapperons pas : ce qui importe s'agissant d'un contrat opérationnel, c'est que l'on dispose d'une division et de deux brigades complètes, prêtes à fonctionner en 2027, aussi bien du point de vue de leur réactivité que de leur endurance.

Deuxièmement, sans vouloir m'acharner, s'agissant des contrats opérationnels, je ne comprends toujours pas ce que vous attendez des forces armées et pour quel type de missions – compliment que vous ne manquerez pas de me retourner façon ping-pong. Vous contestez ce que nous faisons en Afrique : c'est là, c'est transparent, c'est sur la table. Même constat au sujet de l'opération Sagittaire, dont nous avons parlé tout à l'heure, des contrats opérationnels liés à la dissuasion nucléaire.

Ce que font les FAS – forces aériennes stratégiques ? Monsieur Lachaud, vous appartenez à la commission de la défense nationale et des forces armées, qui à la demande de son président, M. Gassilloud, a procédé à un cycle d'auditions au sujet de cette dissuasion. Vous êtes libre de visiter l'île Longue, de prendre part à une opération Poker, et je réponds favorablement à toutes les demandes de cet ordre. Si, à votre deuxième mandat, vous ne saviez pas ce que sont les contrats opérationnels liés à la dissuasion, ce serait franchement inquiétant. En réalité, vous êtes plutôt bon connaisseur : vous avez le droit de ne pas être d'accord avec ce que nous proposons, mais ne faites pas semblant de ne rien comprendre à ces contrats, tels qu'ils existent et sont remis à jour depuis nombre d'années !

Vous étiez plus cohérents, messieurs Saintoul et Lachaud, avant le dîner, lorsque vous objectiez que ces contrats, très précis concernant tout ce qui est dur et matériel, le sont moins pour le reste. Je préférerais que nous débattions de ce point plutôt que de vous entendre dire que vous ne comprenez pas grand-chose aux étalements, par exemple – à moins que nous n'ayons pas été clairs, mais étant donné mon endurance, je vous réexpliquerai la chose pendant quinze jours. Je commence d'ailleurs à me demander si tel n'est pas justement votre but. Excusez-moi, madame la présidente, de m'exprimer aussi longuement : j'irai d'autant plus vite ensuite.

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