Nous en arrivons à l'examen de l'article 2 et du rapport annexé, lequel, comme je l'ai déjà souligné, se révèle lacunaire et, d'une certaine façon, mal ficelé. Il indique peu, ou mal, les affectations tant des crédits que des effectifs. En réalité, il entend résoudre la quadrature du cercle, autrement dit un paradoxe difficile qui caractérise l'ensemble de la LPM : faire moins avec plus d'argent. Tel est en effet le tour de force que vous réussissez.
L'hypothèse d'engagement majeur, qui, disons-le, a été au cœur des discussions de l'an dernier, a quasiment disparu du rapport annexé. Cet effacement, qui faisait partie des préconisations principales de l'état-major, a été opéré subrepticement. Il constitue ainsi une des clés de lecture de votre travail, monsieur le ministre.
Ce texte est lacunaire parce qu'il ne contient pas non plus de bilan des opérations menées au cours des deux dernières décennies, par exemple Barkhane et ses conséquences. Aucune vision claire ne s'y dégage s'agissant de la présence française en Afrique, alors que la réflexion sur l'échec stratégique qu'a représenté l'opération Barkhane aurait pu conduire à s'interroger à ce sujet.
D'autre part, rien de substantiel n'est précisé sur l'avenir réel de la dissuasion. La modernisation est un mot, mais quid de l'après ? Vous en êtes presque convenu tout à l'heure, l'enjeu de la dissuasion, ce n'est pas qu'elle soit crédible sur dix, quinze ou vingt ans mais bien sur quarante, cinquante et soixante ans.
Rien non plus dans le rapport n'évoque la première cause de conflictualité dans le monde, la compétition généralisée, ni la façon dont on pourrait en sortir. On pourrait en effet proposer, s'agissant des relations internationales, un type de rapports fondés sur la coopération et sur l'entraide, comme nous y invite, d'une certaine manière, la crise écologique mondiale à laquelle nous devrons faire face.
Par ailleurs, il y a évidemment tromperie sur la marchandise puisque le SNU, le service national universel, s'invite, une fois encore, dans le rapport annexé, alors qu'on nous avait expliqué que cette question n'y figurerait pas. Il y a également tromperie s'agissant, bien sûr, de l'économie de guerre, mais aussi des ambitions floues dans des domaines comme celui des fonds marins.