Je n'oublierai pas cette visite, qui est l'une des premières que j'ai effectuées après mon entrée en fonction, à vos côtés, monsieur le président, et à ceux de Pierre Dharréville, qui coprésidait la mission d'information de grande qualité dont vous étiez le rapporteur.
Un article publié dans Marianne avait fait état de « conseillers de l'ombre » venus à l'Élysée pour proposer d'exporter des volumes d'eau douce en échange de pétrole. Ce rendez-vous a bien eu lieu, mais il n'a jamais donné de suites, tant cette offre nous a paru farfelue. Il ne s'agissait en rien d'un projet du Gouvernement.
La situation est unique : la plus grande lagune d'Europe est confrontée à une pollution à l'eau douce, qui a entraîné une procédure de justice contre la France. En effet, la chaîne de centrales hydroélectriques se termine dans l'étang de Berre. Pendant longtemps, la priorité a été donnée à l'étude de la possibilité de rouvrir des canaux afin que l'eau soit rejetée dans la mer. Les parlementaires, en anticipant la sécheresse, ont trouvé cette solution peu pertinente. Deux autres types d'usage ont donc été identifiés : une partie de cette eau pourrait réalimenter le système hydroélectrique pour produire davantage – puisque la contamination à l'eau douce a conduit à préconiser une diminution de la production hydroélectrique, qui est notre première source d'énergie renouvelable. La deuxième piste consiste à utiliser des canaux dirigés vers l'intérieur des terres, en particulier vers la plaine de La Crau, afin de sécuriser des usages agricoles menacés par la sécheresse.
À l'issue de ma visite dans votre territoire, j'ai demandé à EDF de financer une partie de ces études, en donnant la priorité à une réutilisation de l'eau à destination de la plaine de La Crau, puis à une augmentation de la production électrique – et, en dernier recours, à un rejet dans la mer. Les études sont en cours, et nous voulons qu'elles soient aussi sérieuses que possible.