Intervention de Marie Pochon

Réunion du mercredi 3 mai 2023 à 16h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie Pochon :

Cinquante ans après René Dumont, les écologistes alertent toujours sur la raréfaction de la ressource en eau et peinent encore à se faire entendre. Ce plan « eau » en est l'un des nombreux symptômes. En effet, le Gouvernement annonce un recul sur l'objectif de sobriété, en passant à 10 % d'économies d'eau d'ici à 2030, alors que les assises de l'eau de 2019 – sous votre majorité – proposaient une diminution de 10 % en cinq ans et de 25 % en quinze ans. Ces objectifs, non déclinés, sont divisés par deux à l'heure des plus grandes sécheresses que la France a jamais connues.

Comment justifier cette régression incompréhensible, alors que l'on craint une diminution de la ressource de 30 à 40 % d'ici à 2050 ? Comment cet objectif s'appliquera-t-il à l'ensemble des secteurs, y compris à l'agriculture, bizarrement absente de ce plan alors qu'elle représente près de la moitié de la consommation en eau du pays ?

Aider nos agriculteurs, ce n'est pas attaquer les scientifiques et les écologistes qui alertent depuis des années. Aider nos agriculteurs, ce n'est pas non plus organiser des processions pour implorer Dieu de faire tomber la pluie sur les champs. Aider nos agriculteurs, ce n'est pas prétendre que rien ne devrait changer en perpétuant notre dépendance aux pesticides qui menacent nos sols et notre santé. Aider nos agriculteurs, c'est dépasser les coups de communication pour regarder la réalité en face : toutes les plantes n'ont pas les mêmes besoins et toutes les productions ne sont pas adaptées partout. Il nous faut consommer moins de viande, arrêter d'arroser des monocultures de maïs et développer les cultures économes en eau. Aider nos agriculteurs, c'est écouter la science. Concrètement, cela signifie lutter contre l'artificialisation des sols et les pollutions chimiques, et remettre en cause le modèle dominant de l'agriculture conventionnelle, loin des petits gestes individuels.

Vos ministères s'emploient aujourd'hui par tous les moyens à défendre des mégabassines qui sont des dérogations aux arrêtés préfectoraux d'interdiction des pompages pour certains agriculteurs, sur fonds publics. À quand une remise en question de votre modèle ?

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