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Intervention de Charles d'Anjou

Réunion du jeudi 13 avril 2023 à 16h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Charles d'Anjou, président du média Omerta :

J'ai quarante et un ans. J'ai deux enfants, et je suis entrepreneur. Mon premier séjour en Russie date de mon stage de fin d'études de master 2 en géopolitique à la Sorbonne. C'est un pays que je connais bien, dans lequel j'ai vécu plusieurs années jusqu'en 2014, date à laquelle je suis rentré en France pour trois ans. J'ai été politiquement engagé au sein de l'UMP et le suis désormais auprès des Républicains. J'étais candidat aux législatives en 2017.

En 2018, j'ai décidé de partir à Moscou pour reprendre une vie professionnelle active et de redévelopper mes affaires, que j'ai toujours menées à l'international, notamment dans les pays de l'Est – en particulier en Russie, en Ukraine, au Kazakhstan et en Roumanie –, mais aussi en Afrique, notamment en Libye. Mes activités relèvent du domaine de la sûreté et de la sécurité. Je travaille essentiellement pour des groupes français, allemands et italiens présents en Russie, en Ukraine ou au Kazakhstan. Je n'ai jamais eu de clients russes, qu'ils soient publics ou privés.

En janvier 2022, j'ai échangé à Paris avec la reporter de guerre Liseron Boudoul, avec qui je suis ami. Elle cherchait des idées de sujets de reportage en Russie. Nous pensions notamment à couvrir la question des champs d'extraction du Grand Nord russe, à Yamal, jusqu'à la terminaison du pipeline Nord Stream 2 en Allemagne, ou encore le conflit gelé du Donbass. Avec l'accord de sa rédaction, elle a entrepris de réaliser une série de reportages d'une dizaine de jours. Je l'ai aidée à organiser son voyage en remplissant sur le site internet des républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk les demandes d'accréditation nécessaires pour se rendre dans le Donbass. Lorsque nous avons reçu la confirmation de l'accréditation, je l'ai accompagnée dans ses déplacements en tant que chauffeur et traducteur. Nous sommes entrés dans le Donbass le 5 février. Accompagnés d'un cameraman, nous avons réalisé dix jours de reportage, jusqu'au 24 février, date à laquelle nous avons été réveillés par un coup de téléphone de la rédaction de Liseron Boudoul nous alertant du déclenchement de la guerre.

Étant donné qu'il était très difficile pour la rédaction d'organiser une relève dans un laps de temps réduit, j'ai accepté de rester avec la reporter et le cameraman pour les accompagner dans leur travail. Nous avons passé près de trois mois dans le Donbass pour suivre les opérations de l'armée russe, jusqu'à la bataille de Marioupol. Nous avons réalisé une trentaine de reportages, essentiellement pour le « 20 heures » de TF1. J'ai joué le rôle de chauffeur et d'interprète lorsque cela était nécessaire. Le montage des reportages était effectué par la journaliste et le cameraman. Aucun des reportages n'a été coupé à Paris ni n'a fait l'objet de critiques. Ils visaient à donner la parole aux seuls faits.

Je suis ensuite rentré à Moscou pour reprendre ma vie professionnelle et familiale. Dans le Donbass, nous avions filmé chaque jour entre quatre et cinq heures de rushes, pour des reportages qui duraient seulement trois à quatre minutes : j'avais donc le sentiment que beaucoup de ce que nous avions filmé pourrait être utilisé dans le cadre de formats longs à destination d'un public français que je savais intéressé par ces théâtres d'opérations.

J'ai commencé à travailler sur le projet au mois de juillet. J'ai contacté Régis Le Sommier, que j'avais rencontré en 2018. En effet, outre les questions de financements, il importait que le média soit incarné par un journaliste professionnel capable d'organiser une rédaction et doté d'une expérience du terrain. Son profil était particulièrement rare.

J'ai monté les sociétés au mois d'août – soit très rapidement. Nous avons commencé à travailler dès le 1er septembre et le média a été lancé le 16 novembre avec la mise en ligne de trois documentaires.

Omerta n'est pas un projet caritatif. Comme toutes les entreprises que j'ai montées, ce projet doit être pérenne sur le plan financier au bout d'un an. Nous ne recevons aucune subvention : tous les fonds injectés sont des fonds propres. Le modèle économique de ce média n'est pas celui d'une chaîne YouTube : il est financé par un abonnement payant – qui s'élève à 4,99 euros par mois – et ses contenus exclusifs sont réservés aux abonnés.

J'ai donc deux missions. Je dois d'abord réaliser les objectifs financiers en atteignant 20 000 abonnés payants en fin d'année pour que le média puisse se développer. Nous en comptons actuellement 10 000. Les ventes du magazine trimestriel au format papier ont très bien fonctionné, puisqu'elles atteignent 15 000 exemplaires. Par ailleurs, j'ai pour rôle d'accompagner les journalistes qui se rendent sur le terrain pour servir de chauffeur et d'interprète, comme je l'ai fait auprès de Régis Le Sommier sur la ligne de front au Donbass en janvier.

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