Cette vérification me permet de vous poser de manière différente ma question initiale concernant l'évolution des relations entre le personnel politique français et le monde russe des affaires. Dans votre témoignage, vous avez évoqué la demande de François Fillon d'accueillir des personnalités russes en France, puis la demande du Quai d'Orsay à Cannes. Lors des différentes auditions que notre commission a menées, nous avons eu le sentiment qu'étaient décrites des relations économiques fortes lors des mandats de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, dans des domaines particuliers comme l'énergie ou le BTP et avec des sociétés russes liées, de près ou de loin, au régime.
Vous avez comparé votre entreprise russe aux grandes entreprises françaises de BTP. Ce n'est pas leur faire offense de dire qu'elles ont des liens de fait, souvent assez forts, avec les gouvernements. Bouygues est ainsi venu au secours d'Alstom en 2005 en montant à son capital à la demande de Nicolas Sarkozy. Il n'y avait rien de secret, la manœuvre ayant été soumise à l'approbation de la Commission européenne. Le BTP est rarement indépendant du monde de la politique, compte tenu de l'ampleur des marchés publics et des décisions prises.
Je ne juge pas le passé au prisme du présent, mais nous avons vu l'évolution du régime russe. N'y a-t-il pas eu une certaine naïveté, sans qu'il y ait nécessairement de corruption ou de volonté des acteurs français de mal faire ou de trahir leur pays, dans l'intensification de liens économiques avec des entreprises russes liées de près ou de loin au pouvoir, au risque de nous placer dans une situation de dépendance et de compromettre notre liberté dans les décisions et les sanctions que nous pouvons prononcer contre le régime russe ? La France n'est pas la seule concernée. Vous avez cité l'exemple de M. Schröder.