En matière de stratégie de télécommunications militaires, nous vous proposons un léger changement de pied.
Les systèmes Syracuse III et Syracuse IIIB utilisent des satellites géostationnaires, à 36 000 kilomètres. La charge utile française Sicral 2, intégrée sur un satellite réalisé en coopération avec l'Italie, fait partie intégrante de Syracuse III. Demain, nous disposerons du Syracuse IVA et, depuis Kourou, nous enverrons par Ariane 5 le Syracuse IVB, qui, lui aussi, sera opérationnel en 2024.
Deux choix s'offrent à nous.
Nous partons du principe que la militarisation de l'espace est particulièrement préoccupante. Ces « grosses bêtes » géostationnaires sont robustes et nous permettent d'avoir des télécommunications très sécurisées et souveraines, mais elles peuvent aussi être attaquées. Le commandement militaire nous propose donc de lancer les études sur le Syracuse V pour 2035. Cela ne figure pas dans le rapport annexé, mais une partie de nos budgets y sera affectée afin que ce système soit encore plus robuste, qu'il puisse supporter des débits encore plus importants et communiquer avec des aéronefs très rapides comme l'Airbus A330 MRTT. Ce sont là trois sauts technologiques essentiels.
Une autre piste – sans que nous sachions encore avec qui nous le ferions – serait, plutôt que de lancer un troisième satellite volumineux dans l'espace, de recourir à une multitude de petits satellites sur une orbite différente afin de pouvoir doubler nos télécommunications moins critiques. De plus, en cas d'incident sur un satellite volumineux, un tel système de subsidiarité permettrait de passer par les satellites de courte orbite – le système Kuiper repose sur une constellation de 3 200 petits satellites.
Deux satellites souverains, géostationnaires, patrimoniaux, franco-français suffisent donc, mais il est préférable, d'une part, de lancer les travaux pour le Syracuse V et, d'autre part, d'opter pour les constellations multiples. Là est le pivot technique imaginé par les armés. Si nous ne le faisons pas, vous serez fondés, dans cinq ans, à nous reprocher d'avoir raté les constellations d'orbite basse comme nous avons raté les drones. Ce n'est donc pas un renoncement mais une affectation différente de nos budgets.