À refuser de donner acte au Gouvernement de la hausse des moyens budgétaires, il arrive un moment où vous vous prenez les pieds dans le tapis.
Notre industrie de défense n'a jamais connu une telle visibilité, qui, de surcroît, concerne des moyens en hausse. Je m'étonne d'ailleurs que le débat ne porte pas sur la pertinence de telles dépenses publiques.
Vos amendements remettent en cause la hausse des moyens en parlant de stabilité. C'est sans doute le prix du grand pardon pour avoir abîmé, avec d'autres, les armées françaises pendant des décennies. Certains ont compris que cette époque était révolue, d'autres peinent encore à le croire.
En toute transparence, je vous donne l'augmentation de chiffre d'affaires de chacune des industries de la BITD que la LPM, sous réserve de la discussion parlementaire, leur permet d'espérer : 40 % pour Airbus ; 40 % pour Arquus ; 15 % pour Naval Group ; 90 % pour les autres chantiers navals ; 75 % pour Dassault ; 70 % pour MBDA ; 90 % Nexter ; 70 % pour Thales ; un doublement pour Safran.
L'angle que vous avez choisi, madame la députée, n'est pas le bon. La visibilité est incontestable, les chiffres sont têtus. Citez-moi un autre secteur industriel au profit duquel une cible capacitaire – de surcroît en hausse – est inscrite dans le rapport annexé d'une loi.
Les reports de charge n'ont rien à voir avec les délais de livraison. Ce sont les marges frictionnelles qui permettent de les prendre en considération. Les reports de charge sont d'ailleurs plutôt populaires chez les industriels et pour cause : l'État leur verse des intérêts, lesquels sont moins importants que l'inflation, ce qui permet tout de même à l'État d'être gagnant finalement.
Vous pouvez tenter d'en faire des objets politiques, mais les reports de charges et les marges frictionnelles sont de bons outils qui garantissent la sincérité budgétaire et permettent de lisser l'inflation.