Même avec toute l'inflation du monde, l'effort budgétaire augmente : il s'amplifie. On peut débattre du bien-fondé ou de l'usage de cette amplification, mais sa réalité ne fait aucun doute. On nous reproche même parfois une augmentation trop importante par rapport à celles dont bénéficient d'autres secteurs prioritaires.
La contrainte pèse autant sur vous que sur moi, puisque c'est le Parlement qui vote le budget des armées. Les reports de charges ne sont que des outils qui permettent de traiter l'inflation. Vous ne pouvez pas à la fois déplorer qu'il y ait trop d'inflation et critiquer l'emploi d'outils permettant d'atténuer ce phénomène ! Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense de François Hollande, avait également prévu des reports de charges, pour les mêmes raisons.
Vous expliquez que l'effort n'interviendra qu'après 2027 – nous en rediscuterons lorsque nous examinerons les amendements sur les marches. Nos amis de La France insoumise nous invitent à partir des besoins physiques de nos armées, notamment de la conduite des grands programmes. Or, dans vos municipalités, vous pouvez constater qu'entre le moment où vous décidez de construire une piscine et celui où vous avez besoin des crédits de paiement pour payer les entreprises réalisant cet investissement, il y a une certaine inertie. Ce principe est valable quel que soit le Président de la République en fonction, à moins de remettre en cause tous les grands programmes qui ont été lancés – il faudrait cependant payer des dédits. Il en est ainsi pour le porte-avions de nouvelle génération (PANG), pour toute la classe des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), pour toute la classe des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et pour toute une partie de la dissuasion : pour des raisons qui tiennent à la vie des programmes, il y a d'importants efforts budgétaires à faire tous les vingt ans.
En dépit de l'inflation, qui est bien documentée, on peut bel et bien parler d'une amplification de l'effort. Les faits parlent d'eux-mêmes. Nous ne demandons pas un satisfecit, même si les diminutions connues par le passé laissent quelques traces.