Intervention de Sébastien Lecornu

Réunion du mardi 9 mai 2023 à 21h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

Sébastien Lecornu, ministre :

Je suis désolé de décevoir les oppositions les plus dures : s'il peut y avoir un doute sur la possibilité d'atteindre la cible, c'est parce que l'assiette du PIB augmente, et non parce qu'elle diminue. Pardon pour cette bonne nouvelle.

Vous auriez les mêmes incertitudes économiques si vous étiez aux affaires. Il y a nécessairement un aléa quand on parle de choses relatives, exprimées en pourcentage du PIB. Cela bouge. Quand le PIB s'écroule, on peut atteindre l'objectif des 2 %, comme en 2020 du fait du covid ; quand le PIB augmente au contraire, cela peut repousser l'échéance.

Vous avez raison, Monsieur Jacobelli, il s'agit d'un objectif et non d'une obligation, mais vous pourriez me dire à juste titre que nous ne sommes pas sincères si, alors que les ministres Le Maire et Attal viennent de rendre public un nouveau programme de stabilité, la copie du projet de loi n'évolue pas en fonction des projections retenues. Nous proposons tout simplement de décaler la date à 2027 pour tenir compte de variations dont nous ne sommes pas complètement maîtres. Il ne faut pas mépriser cette question, qui fait l'objet d'autres amendements. C'est un point de repère important pour certaines formations politiques, qui souhaitent au contraire plus de rigidité et de prévisibilité. En effet, cela dit quelque chose de l'effort réalisé, et c'est pourquoi nous souhaitons de la transparence.

Le critère des 2 % existe, que vous le vouliez ou non. Mieux vaudrait, dans votre perspective, adopter un amendement visant à sortir directement de l'Otan. Cela irait plus vite !

Vous dites que nous revenons à plus de raison. En vérité, mon logiciel politique n'a pas beaucoup changé. La France a contribué à fonder l'Otan, puis elle a cultivé à partir des années 1960 une autonomie particulièrement forte au sein de cette organisation, ce qui n'est pas la même chose qu'en sortir, comme deux formations politiques proposent de le faire – en tout cas, elles plaident pour une remise en cause radicale –, en s'appuyant parfois, à tort, sur le général de Gaulle, mais c'est un autre débat. Je souhaite que la France soit forte, par ses contributions militaires, au sein de l'Otan, et notre pays n'a pas à rougir de ce qu'il met sur la table.

Par ailleurs, lorsqu'un critère nous est favorable, autant l'afficher. Je ne sais pas quand, entre 2025 et 2027, nous atteindrons les 2 % du PIB, car cela peut glisser pour de bonnes raisons, mais ce sera avant la fin du quinquennat, et je pense qu'il est bon de montrer que cet objectif existe. Je redis néanmoins, et nous nous rejoignons sur ce point, que le critère des 2 % n'a pas d'intérêt si on ne regarde pas, en plus, les spécificités de notre armée. Dissuasion ou non, outre-mer ou non, il faut comparer ce qui est comparable.

S'agissant des patchs, il est évident que l'outre-mer n'est pas un équipement, ni un programme – ce n'est ni un bateau ni un avion – et qu'il y a forcément dans le patch relatif aux drones des équipements qui y seront affectés. Les patchs sont une présentation qui permet de donner de la lisibilité, sans changer quoi que ce soit au total de 413 milliards d'euros. Si vous voulez vous opposer à tout prix au texte, je peux comprendre que tout argument soit bon pour vous, mais je vous démontrerai que le projet de loi a été préparé sérieusement. Vous pourriez tout simplement assumer de ne pas être d'accord avec ce que nous proposons, sans jeter le doute sur la qualité du travail qui a été fait.

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