S'il s'agit d'un amendement d'appel, je le prendrai comme tel, tout en partageant le point de vue de M. Thiériot : personne ne croit un seul instant, étant donné le contexte et la nécessité d'asseoir la sécurité collective, qu'il n'y a pas lieu d'établir une programmation militaire.
Par ailleurs, le Président de la République a été réélu l'an dernier. Des élections législatives se sont également tenues ; votre mandat en est issu, avec la légitimité qui s'ensuit. Il me semble donc sain que le Parlement s'exprime sur les orientations à venir.
Enfin, vous faites mine de vous interroger sur une éventuelle rupture et sur l'urgence d'élaborer un nouveau texte, mais ce que vous voulez, en réalité, c'est remettre en cause notre modèle en matière de défense. C'est votre droit le plus strict, mais alors il vous revient de présenter clairement celui que vous souhaitez à la place. Ce sera un débat noble et intéressant sur le plan intellectuel. Depuis le début des auditions, vous tournez autour du pot. Je préfère que nous nous disions les choses avec franchise. Oui, le texte reflète un certain modèle d'armée – je fais suffisamment référence aux années 1960 pour que chacun ait compris que c'est à cette époque qu'il trouve ses racines. Certaines transformations sont indispensables, mais dans un cadre connu. Il n'y a pas de surprise. Ces transformations sont, pour nombre d'entre elles, dictées par la géopolitique, par les sauts technologiques et par la nécessité de maintenir une cohérence, de manière à obtenir des effets militaires réels.
Plutôt que des amendements visant à souligner telle ou telle incohérence dans notre projet, je préférerais des propositions traduisant concrètement le programme de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle. Cela nous permettrait d'acter par des votes nos accords ou nos désaccords. Cette démarche serait saine et démocratique.