Dans ce monde particulièrement dangereux, c'est avec un sérieux tout particulier que le groupe Les Républicains entend examiner le présent PLPM. Tout le reste dépendra de ce que nous voterons : sans sécurité extérieure, tout s'effondre.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je pense aux femmes et aux hommes qui sont actuellement en première ligne. De ce que nous déciderons dépendra pour eux la possibilité de remplir la mission pour laquelle ils sont prêts à sacrifier leur vie.
Au nom de notre groupe, je tiens d'abord à saluer l'effort considérable que représente ce PLPM : une augmentation de 40 % du budget, ce n'est pas rien ; 413 milliards, c'est considérable. Je vous félicite aussi pour votre ambition de cohérence. Disposer de chars, d'avions, d'hélicoptères, c'est formidable, mais s'ils restent au hangar ou sont immobilisés au bout de deux jours, cela ne fait pas gagner une guerre – c'est tout au plus rassurant. Il suffit de voir les difficultés rencontrées en matière de logistique durant l'exercice Orion, notamment avec les véhicules dépanneurs de chars à chenilles… Un effort de cohérence est donc nécessaire, surtout si l'on prend en considération les nouveaux champs de conflictualité : le spatial, le cyber, les fonds marins, le renseignement et l'influence.
Je me dois également de constater les limites du projet de loi : si vous répondez parfaitement à l'ambition de la cohérence, la masse n'est qu'insuffisamment traitée. Dans la mission d'information sur la préparation à la haute intensité dont j'ai été le corapporteur avec Patricia Mirallès lors de la précédente législature, nous avions constaté l'existence de quelques trous capacitaires, que cette LPM ne comble pas totalement.
Il faut être modeste : l'effort inscrit dans ce projet de loi est formidable et tranche avec tous les renoncements des décennies précédentes, pendant lesquelles nous avons cru pouvoir encaisser sans rien faire les dividendes de la paix. Tous les partis ont commis la même erreur, et le mouvement ne s'est inversé qu'en 2017 : notre famille politique ne fait pas exception et a, elle aussi, baissé la garde. Néanmoins, les dépenses militaires n'atteindront que 2 % du PIB quand elles s'élevaient en moyenne à 3 % pendant la guerre froide. Un effort est bien accompli, mais nous ne sommes pas à l'idéal auquel nous aspirons pour les armes de la France. Nous sommes néanmoins très conscients de la situation budgétaire du pays : la charge de la dette va représenter 52 milliards d'euros, soit davantage que le budget de la défense des premières marches de la LPM.
Dans ce contexte, il serait irresponsable de se livrer à de la surenchère ; nous agirons avec responsabilité pour parvenir à un équilibre qu'il sera délicat de trouver. Tel est le dilemme de l'action : tout n'est pas noir ou blanc, et nous espérons que nos travaux amélioreront un petit peu cette LPM. Notre groupe examinera le texte avec bienveillance mais vigilance, afin de doter les armées et ceux qui la servent du meilleur outil possible ; nous avons tous ici la responsabilité d'envoyer le bon message à nos compétiteurs stratégiques et à nos adversaires, qui nous surveillent et qui regardent les travaux de cette commission.