Je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui dans votre commission, dont nous étions absents depuis quatre années. Aussi, nous souhaitons remercier tous les personnels du ministère des armées, qui, par leurs votes, ont permis à Défense CGC et CFTC Défense de revenir au sein des organisations syndicales représentatives et donc d'être parmi vous aujourd'hui.
En décidant d'une forte hausse du budget alloué au ministère des armées, la représentation nationale a exprimé son indéniable volonté de doter le pays d'un outil de défense à la hauteur des enjeux imposés par une situation géopolitique complexe, dangereuse et mouvante, marquée par de nombreuses tensions à l'échelle mondiale.
En cohérence avec le projet de LPM 2024-2030, le budget 2023 de notre ministère est augmenté de plus de 3 milliards, pour s'établir à 44 milliards d'euros. Cette anticipation permettra dès maintenant de pourvoir nos armées des matériels qui nous font cruellement défaut. Toutefois, de la bataille de Crécy à la ligne Maginot, notre histoire a montré à de nombreuses reprises que la seule excellence matérielle ne peut suffire, et que la véritable force d'une armée réside dans les qualités de sa composante humaine, militaire mais également civile. Ces qualités ne peuvent s'épanouir qu'au soleil de la motivation.
Or, désormais, pour les personnels civils, c'est hélas la nuit de la démotivation qui éteint les enthousiasmes et ronge le terrain dans l'ombre d'une démission silencieuse qui gagne tous les rangs. Mesdames et Messieurs les députés, il est de notre devoir d'exprimer ici les sentiments de déception, de frustration et parfois même de légitime colère, qui animent la grande majorité de nos collègues.
Le budget consacré aux mesures catégorielles des personnels civils est seulement de 23 millions d'euros. Il représente pour les 65 000 personnels civils 0,05 % du budget global. Cette politique salariale calamiteuse (30 euros en moyenne par agent), et malheureusement récurrente depuis des années, est d'autant plus alarmante qu'elle rend les perspectives d'évolution de carrière inexistantes. Ne nous étonnons plus alors des démissions record et des recrutements de plus en plus difficiles. Mesdames et Messieurs les députés, il devient urgent de réagir par des mesures de rattrapage fortes, assorties d'une mise en œuvre rapide, indispensables pour endiguer ces vagues de démission et de démobilisation.
C'est pourquoi Défense CGC et CFTC Défense demandent que le projet de LPM améliore de façon forte et pérenne la situation des 65 000 personnels civils indispensables au fonctionnement du ministère. En effet, nous rappelons que la composante civile du ministère porte l'expertise technique indispensable à la poursuite des objectifs de la LPM en parfaite complémentarité avec nos collègues militaires et nous nous interrogeons. Qui assure principalement les missions cyber ? Qui prend en charge la spécification de nos futurs équipements, synonyme de performance, en adéquation avec le besoin de nos forces et de maîtrise des coûts ? Qui s'assure que les équipements répondent aux spécifications ? Qui s'occupe de la maintenance de nos matériels, synonyme d'indépendance et aussi de maîtrise des coûts ?
Aussi, à la lumière de ce constat, il devient évident que le défi majeur et impérieux consiste à améliorer l'attractivité et la fidélisation des agents. Nous devons ensemble mettre le cap vers cet objectif phare qui seul pourra éclairer durablement l'avenir de l'ensemble des personnels civils, qu'ils soient ouvriers, contractuels ou fonctionnaires. Certes, Mesdames et Messieurs les députés, cet arbitrage budgétaire exige de l'audace, mais vous n'en manquez assurément pas. En amendant en ce sens le projet de LPM, vous avez la possibilité de garantir que l'effort budgétaire demandé à la nation soit non seulement pertinent, mais également efficace.