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Intervention de Albert Corbel

Réunion du jeudi 4 mai 2023 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Albert Corbel, représentant de la CFDT-FEAE Défense :

Je vous remercie, au nom de la CFDT Défense, pour cette invitation à nous exprimer devant vous sur le projet de LPM 2024-2030. Cette audition intervient une semaine après celle à laquelle nous avait convié le rapporteur du projet de loi, le député Jean-Michel Jacques, que je remercie aujourd'hui également.

Pour ne pas trop empiéter sur les questions que vous allez bien vouloir nous poser, nous nous contenterons d'une déclaration liminaire plutôt brève. Je rappelle que nous intervenons ici en tant que représentants du personnel civil exerçant dans les armées, directions et services du ministère des armées, ainsi que dans la plupart des établissements publics sous tutelle de ce ministère, y compris l'institution de gestion sociale des armées (IGESA), qui en est l'opérateur social, et dans les deux industries privées de défense que sont Nexter et Naval Group.

Nous ne venons pas débattre des orientations politiques de renforcement de nos capacités de défense, mais il est nécessaire de préciser que la CFDT adhère totalement à la nécessité initiale de réparation puis aujourd'hui de transformation des armées. Il s'agit d'en adapter le format à la forme et à l'intensité de la menace ou des menaces, puisque celles-ci sont multiples et réintègrent concrètement la réalité des conflits symétriques entre puissances équivalentes.

La position de la CFDT concernant la paix dans le monde s'exprime dans deux articles consécutifs de notre résolution générale votée au congrès de 2022. Sur le plan de la paix, le premier article indique ainsi qu'il faut aujourd'hui tirer les leçons du passé et instaurer une entente durable entre les peuples pour éviter la guerre. Cette entente passe par la coopération, la solidarité, mais aussi, et avant tout, par la compréhension et l'amitié. La CFDT appelle les États, comme l'ensemble des organisations des travailleurs, à développer entre eux des programmes d'échanges culturels de grande envergure dans le cadre d'une stratégie globale de paix durable.

Le deuxième article précise quant à lui que la paix ne se fait pas en un jour : la crise aux confins de l'Europe renforce la nécessité de ne pas baisser la garde et d'intensifier la coopération stratégique et industrielle en matière de défense. La CFDT revendique une intensification du concept de l'Europe de la défense, pour une large coopération stratégique et industrielle entre les nations qui constituent l'Union européenne et en faire ainsi Le Havre de paix espéré par sa population.

Notre organisation se range sans hésitation du côté de ceux qui, pour avoir la paix, préparent la guerre. Cependant notre préoccupation porte sur l'impact de l'intensification de l'activité militaire sur le travail et l'emploi des agents, agentes et salariées concernées. Ils sont les travailleurs et travailleuses des services de soutien, des services opérationnels, et bien sûr des entreprises du secteur de la défense que j'ai citées plus haut.

Nous voulons que le sort du personnel civil soit pris en compte, que l'impact de l'intensification de l'activité militaire proprement dite sur les activités non opérationnelles, principal terrain d'action des civils, soit perçu et géré, que ce soit au ministère, à l'IGESA ou chez les industriels de défense.

Les enjeux sont clairs et passent d'abord par l'emploi et le travail, dont les leviers sont l'attractivité, la fidélisation et le maintien en compétences. Plus globalement, sur le terrain de l'emploi, nous favorisons la souveraineté, qu'elle soit nationale ou européenne et, pour le bien de nos industries de défense, la coopération plutôt que la libre concurrence.

Ce dernier aspect est à associer au concept d'économie de guerre, qui ne doit pas se limiter à des exigences de réactivité et de performance de la part de l'État. Il implique de sortir des ornières de la sacro-sainte économie de marché, pour favoriser des solutions industrielles sans doute plus chères, mais qui garantiront la robustesse et la fiabilité de la BITD, ainsi que notre souveraineté dans le développement des solutions et surtout leur efficacité opérationnelle tout au long de la vie. Nous vous avons, hélas, déjà fait part de choix peu judicieux en la matière. Ils ne doivent plus se reproduire.

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