Intervention de Franck Saudo

Réunion du mercredi 3 mai 2023 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Franck Saudo, président de Safran Electronics & Defense :

Je reviendrai d'abord sur la frappe dans la profondeur, dont le besoin est désormais avéré selon nos discussions avec les forces, mais dont les modalités de réponse restent à déterminer. De ce point de vue, la proposition de Safran, pragmatique et simple, consiste à s'appuyer sur un système démontré, aux performances avérées, à savoir l'AASM, qui est en outre un succès à l'exportation. Nous proposons d'engager un dialogue – qui a d'ailleurs débuté, et qui est à la fois intense et extrêmement constructif – en vue de converger vers une adaptation du système AASM pour des frappes sol-sol de longue portée. Nous sommes ici dans un cas d'école de l'application de l'économie de guerre, avec une modalité de développement agile et rapide, mais une solution pragmatique et compétitive : plutôt que de développer un nouveau système, nous concilierions l'adaptation d'un système existant, tout en garantissant l'autonomie et l'indépendance stratégique avec une solution de souveraineté. C'est la proposition pragmatique aujourd'hui formulée par le groupe Safran, qui fait l'objet de beaucoup d'écoute et d'envie. Ne reste plus qu'à la concrétiser et à la matérialiser avec nos partenaires.

S'agissant de la réserve, rappelons d'abord que l'entreprise contribue à la cohésion sociale. Nous y retrouvons beaucoup d'éléments de cohésion, et notamment un engagement citoyen de nombreux collaborateurs. Nous avons naturellement mentionné la réserve, mais de nombreux autres engagements citoyens existent dans l'entreprise. Je suis toujours frappé, lors des visites d'usines, par le grand nombre de pompiers volontaires présents parmi nos effectifs. Nous valorisons quotidiennement ces engagements, qui constituent une richesse pour l'entreprise. Nous n'avons pas encore réfléchi à la manière d'aller plus loin, mais nous pourrons naturellement nous y atteler.

Vous nous interrogez aussi sur l'organisation de la DGA. Je dirais avec humilité que les modalités d'organisation de la DGA lui appartiennent. Je puis en revanche m'exprimer sur la coopération entre la DGA et les industriels. Nous avons la chance, pour notre écosystème de disposer d'une DGA forte de compétences et de véritables savoir-faire. Dans le même temps, nous devons impérativement continuer à progresser dans l'efficacité et l'agilité de cet écosystème établi entre la DGA et l'industrie. Cela repose sur un principe simple de dialogue dans une exigence réciproque. Je pense notamment à l'exigence de la DGA et de la direction de la maintenance aéronautique (DMAé) concernant la disponibilité des matériels pour le MCO. Par exemple, le MCO des moteurs d'hélicoptères permet, depuis treize ans, de garantir 100 % de disponibilité. Safran répond présent à cette exigence des pouvoirs publics, ce qui est très important. Dans le même temps, nous devons pouvoir faire valoir, dans le cadre d'un dialogue à la fois transparent, franc et constructif, ce qui aide l'industriel à être agile. Je pense ici aux exigences réglementaires au juste besoin : comme je le mentionnais précédemment, nous n'avons pas besoin de certification civile pour un drone armé. Dans ce dialogue constructif et mutuellement exigeant, il est important de pouvoir porter, dans l'écosystème, ce qui l'aiderait à gagner en agilité.

J'en arrive enfin à la question des biocarburants. Pour paraphraser l'ancienne ministre des armées, « le kaki vire au vert ». Comme rappelé par le général Girier, la supériorité opérationnelle commande les solutions les plus pragmatiques en opérations. En parallèle, le travail des forces repose aussi sur beaucoup d'entraînements, dans lesquels les carburants aériens durables ( sustainable aviation fuel, SAF) peuvent trouver leur place. L'industriel contribue à cette aventure, en s'appliquant d'abord une dimension d'exigence. Aujourd'hui, 20 % des essais moteurs de Safran sont réalisés avec des carburants aériens durables. Nous avons aussi effectué, dans le cadre d'un travail avec les forces, des vols avec 100 % de carburant durable sur le H225. Nous allons également, à Villaroche, conduire des essais sur le M88 avec du SAF, pour nous assurer que nous savons l'utiliser sans risque avec un vrai retour environnemental. Enfin, tous les moteurs Safran sont certifiés pour accepter dès à présent 50 % de carburant aérien durable.

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