Je répondrai d'abord à la question de l'export. Le modèle français de défense est la conséquence de la caractéristique du marché européen, qui est très concurrentiel. La plupart des États développent ainsi des programmes d'armement en petite série, avec pour contrepartie de s'appuyer fortement sur l'export. Celui-ci est effectivement important dans le cadre de cette nouvelle loi, qui amène quelques aménagements par rapport à l'idée que nous nous faisions d'un certain nombre de productions, ainsi que quelques étalements. Nous serons donc pleinement mobilisés – et je sais que l'État y est très attentif – pour développer l'export, soutenir des chaînes de production et entretenir les compétences dont la France a besoin au regard de ses capacités opérationnelles.
S'agissant des satellites de communication, la LPM introduit un véritable débat concernant le choix entre un gros satellite et une constellation. De nombreuses analyses doivent y être associées, notamment sur le risque de menaces que pourrait subir telle ou telle architecture dans le contexte actuel. Syracuse reste un objet sur lequel nous sommes disposés à travailler en veille si la constellation ne devait pas être mature et arriver dans les délais impartis au regard de la continuité de service à assurer au profit des armées.
Pour ce qui est des réserves, nous sommes évidemment très attentifs à l'évolution de la réserve industrielle. Dès lors que l'on arrête d'exercer une fonction ou un métier, il est difficile de les reprendre. En revanche, la réserve est d'une autre nature. Nous utilisons des compétences de haut niveau, qui sortent des armées, et que nous pourrons réintroduire autant que de besoin pour suivre des productions. Ces réserves provenant des armées doivent bien entendu être adaptées et formées aux caractéristiques des productions du domaine civil, ne serait-ce que par rapport à l'importance de la navigabilité dans le domaine aérien. Nous devrons donc naturellement entretenir ces compétences, selon des modalités restant à examiner de près, en liaison avec les armées.
Le biocarburant est un sujet sur lequel nous sommes bien entendu impliqués. Pour ce qui est de la transition énergétique des armées, je rappellerai toute la puissance de la dualité d'Airbus dans ce domaine. Nous avons déjà démontré que presque toutes les flottes, qu'elles soient militaires ou civiles, pouvaient admettre du biocarburant jusqu'à 25 % sans changement, jusqu'à 50 % avec de légères adaptations et au-delà de 50 % avec une adaptation des moteurs. Reste la question des infrastructures, qu'il convient d'adapter à ces biocarburants – il s'agit probablement d'un enjeu bugétaire pour le ministère des armées. Au plan technologique, cette transition est en cours pour le domaine civil. Elle est possible pour le domaine militaire, comme cela a été démontré. Il ne reste plus désormais qu'à la mettre en œuvre, avec néanmoins un problème supplémentaire pour les acteurs militaires, qui ont vocation à s'opposer à des menaces et à faire face à des risques sur les théâtres d'opérations, et qui doivent donc conserver l'avantage technologique et opérationnel. L'enjeu se situe aussi à ce niveau. La technologie est désormais disponible pour que les armées évoluent également dans cette direction.