Je répondrai d'abord aux questions relatives aux modalités de travail sur l'article 24. Les principes de cet article sont tout à fait bienvenus. J'observe d'ailleurs qu'ils sont mis en œuvre dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis, qui disposent d'un arsenal juridique équivalent, que nous voyons fonctionner dans nos usines localisées sur le sol américain. Les logiques de priorisation y sont régulièrement mises en œuvre, y compris en temps de paix, afin de servir prioritairement les opérations des forces américaines. Il est par ailleurs essentiel, au regard des incidences financières et opérationnelles de l'article 24 et des capacités des usines à répondre aux clients civils et militaires, d'engager un travail de concertation sur les modalités d'application de cet article. Celle-ci me semble absolument essentielle pour réconcilier des principes sains avec une mise en œuvre pragmatique et réaliste. Nous appelons donc cette concertation de nos vœux, et je ne doute pas qu'elle débutera dès que le texte sera stabilisé – soit dit en passant, elle peut débuter dès à présent.
S'agissant de la réserve industrielle, je me référerai au dispositif de réserve dans son ensemble, qui est extrêmement dynamique au sein du groupe Safran, qui constitue un pilier en termes d'esprit de défense et qui a cette capacité à créer du lien entre une base industrielle et les forces. Cet outil à promouvoir fonctionne parfaitement auprès de nos salariés. Je suis donc profondément optimiste sur notre capacité à organiser et à faire réussir la réserve industrielle.
Pour ce qui est des ressources et des matières premières, la sécurisation des filières d'approvisionnement est un enjeu majeur, auquel Safran répond de différentes manières. Avec Airbus, nous avons annoncé, la semaine dernière, l'acquisition d'Aubert & Duval. Cette stratégie de verticalisation permet de sécuriser nos approvisionnements en titane, en superalliages nickel, mais d'autres thématiques ont également vocation à y contribuer : je pense notamment au recyclage, en particulier sur les terres rares.
Concernant les volumétries de systèmes de drones, il convient d'abord de saluer la priorité accordée par la LPM à la thématique des drones, qui fait l'objet d'un budget dédié de 5 milliards d'euros. Le Patroller joue clairement un rôle particulier sur cette priorité, dans la mesure où un drone de cette classe avec ces caractéristiques de performance et d'endurance constitue une première mondiale. La concurrence existe, notamment du côté des États-Unis et de la Turquie, et nous devons donc faire du Patroller français un succès sur ce segment de marché. Le rapport annexé à la LPM évoque une volumétrie de 17 systèmes de drones, soit 85 drones puisqu'un système se compose de 5 drones. Dans le même temps, le ministre a clarifié la position sur une volumétrie de 28 drones, 28 aéronefs, soit ce qui figurait dans la précédente LPM. S'il n'appartient pas à Safran de déterminer la volumétrie, je puis affirmer que notre groupe répondra aux besoins des forces, quel que soit le volume. Nous pouvons répondre à un volume de 28 drones, voire plus si le texte de la LPM conduisait à une volumétrie supérieure.
Vous nous interrogez sur la capacité de l'industrie à produire et à répondre présent au rendez-vous des augmentations de cadences. Par le passé, nous avons pu augmenter les cadences sur le Rafale pour servir les marchés à l'export, notamment l'Égypte, les Émirats arabes unis, l'Indonésie ou l'Inde. De même, après la campagne en Libye, Safran avait répondu présent pour augmenter fortement ses cadences sur le missile AASM. Aujourd'hui encore, notre groupe répond présent sur les augmentations de cadences, dans le domaine civil comme dans le domaine militaire, sachant que nous répondons aux besoins de nos différents clients avec la même pugnacité et la même détermination, en vue de leur apporter le meilleur.
S'agissant enfin des reculs de volumétries, je ne pourrai pas précisément vous répondre sur la question de la comparaison des enveloppes financières et de leur impact pour Safran. Je puis seulement rappeler que la défense représente 20 % du chiffre d'affaires du groupe, dont une partie provient de l'export. Pour ce qui nous concerne, La LPM emporte des effets d'augmentation de volumes sur les munitions, ainsi qu'un étalement des cadences sur un certain nombre de plateformes. Il est donc difficile d'effectuer une estimation en volume à l'instant présent, mais les 413 milliards d'euros de la LPM vont assurément dans la bonne direction pour nos ambitions en termes de défense.