Je reviendrai d'abord sur les questions relatives à l'économie de guerre. Un travail profond a été réalisé avec le ministère des armées et la DGA. Comme certains l'ont mentionné, nous ne sommes pas réellement en situation de guerre. Cela dit, nous ne sommes plus tout à fait dans la situation de paix que nous avons pu connaître. Les années de dividendes de la paix nous ont laissé la liberté de juxtaposer les contraintes et de prendre un certain nombre d'habitudes dans les relations entre l'État et l'industrie, qui ont finalement généré un certain nombre de complexités. Comme Philippe Duhamel le soulignait, l'économie de guerre induit d'abord une fluidification des relations entre l'État et l'industrie, de manière à gagner en réactivité pour passer les marchés et adapter les commandes aux besoins des armées, auxquels nous sommes très attentifs. Nous attendons donc beaucoup des travaux réalisés pour tenir compte de l'évolution de ces relations, qui me semblent porteuses de nombreuses promesses.
Dans l'immédiat, un travail de fond a été réalisé sur une douzaine de programmes, majoritairement tournés vers les munitions et les véhicules, sur lesquels Airbus n'est pas concerné. Ces travaux ont très concrètement permis de faire évoluer l'outil industriel pour lui permettre de répondre aux besoins des armées dans le contexte actuel.
L'économie de guerre est donc un travail de fond, qui se traduit notamment dans les articles 23 à 25 de la LPM. Nous continuons d'ailleurs à discuter avec l'État, en particulier sur deux sujets distincts : le transfert des risques vers l'industrie et vers ses coûts, qui serait une évolution contraire à l'esprit de l'économie de guerre ; le risque de perte d'attractivité des produits français sur les marchés internationaux, étant entendu que la France a besoin de l'export afin de pouvoir consolider ses productions et ses développements.
Si je me suis contenté de décrire l'évolution de la LPM et son impact sur le portefeuille d'Airbus, nous sommes bien entendu attachés à répondre aux besoins des armées, puisque cela figure dans notre ADN. Je l'illustrerai d'ailleurs par l'économie de guerre, qui a débuté, pour nous, le 24 février 2022. Dès cet instant, nous nous sommes efforcés de répondre immédiatement à un certain nombre d'actions sollicitées par les armées pour les aider. Par exemple, nous avons rapidement adapté le Beluga – outil de production pour Airbus – aux besoins des armées afin de leur apporter une solution de transport stratégique, qui fait aujourd'hui défaut après la perte d'un certain nombre d'Antonov AN-124, qui ont été détruits ou qui ne sont plus utilisables parce qu'ils sont russes. Nous avons aussi apporté un certain nombre de réponses sur le MCO, de manière à permettre des déploiements de matériels sur la frontière orientale de l'Europe et à aider les forces à réaliser ces déploiements.
Nous vivons donc l'économie de guerre au quotidien, en étant au contact des forces, en répondant à leurs besoins, en adaptant nos productions à leurs expressions de besoins. Nous y sommes très attentifs.