Les dispositifs ASTRID et ASTRID Maturation sont destinés à soutenir des projets d'innovation à bas niveau de maturité technologique. Nous disposons de plusieurs types de soutien de projets, en commençant par ceux à bas TRL (Technology readiness level). Certains premiers projets, par exemple les projets universitaires, sont dérisqués grâce à ASTRID, puis il est possible de passer en ASTRID Maturation. Le dispositif d'accompagnement est assez complet : ASTRID correspond à 10 millions d'euros par an, soit 425 projets et 300 000 euros en moyenne par projet entre 2011 et 2022. Le dispositif ASTRID Maturation a été développé en 2013, soit un montant de 4 à 5 millions par an alloués à 63 projets entre 2013 et 2022. Dans le cadre de la LPM, nous avons pour objectif de pérenniser ces dispositifs. Ce dernier a concerné 750 projets depuis 2009, pour 540 millions d'euros de soutien, soit 50 millions par an.
Ensuite, l'intelligence artificielle est effectivement un sujet majeur, sur lequel j'ai écrit, notamment en 2019. De fait, je considère que l'IA est une rupture dans la mesure où cela fonctionne. La technologie est connue depuis les années 1950 mais la convergence de trois facteurs (la disponibilité des données, la connaissance des algorithmes et les capacités de calcul qui permettent de les implémenter) permet de faire émerger aujourd'hui des systèmes comme ChatGPT.
Nous avons créé la cellule de coordination de l'IA de Défense au sein du ministère des armées. L'IA se trouvera dans l'ensemble des systèmes, c'est-à-dire les systèmes d'information, les systèmes de logistique, de maintenance, mais aussi les systèmes d'arme. Le sujet des systèmes d'arme létaux autonomes a d'ailleurs été étudié par le comité d'éthique de la défense, qui a établi des limites auxquelles nous nous conformons scrupuleusement.
Le programme ARTEMIS.IA vise à nous doter d'une infostructure nous permettant de brancher différents algorithmes autour d'un système de gestion des données. Les deux cas d'usage les plus récents concernent l'innovation liée à l'IA en matière de santé et de renseignement. Notre approche souveraine nous permet aujourd'hui de ne pas être déclassés.
Le projet Impulsion est le projet de transformation de la DGA que je porte. Il concerne, entre autre, la direction des opérations, qui devient la direction des opérations du MCO et du numérique. Le MCO relève des prérogatives de l'EMA mais pas de la DGA, même si des ingénieurs de l'armement travaillent dans les trois services de soutien. Le ministre nous a confié le mandat d'une approche globale en termes de MCO pour pouvoir discuter de l'efficience globale des systèmes au moment où l'on les négocie.
Le type d'approche par task force sera par ailleurs généralisée. Il est beaucoup question d'économie de guerre actuellement, mais nous sortons à peine d'une économie de crise dans le cadre de la Covid, où nous avons dû gérer un certain nombre de difficultés que nous retrouvons aujourd'hui, combinées à celles de l'économie de guerre.
S'agissant des lance-roquettes unitaires, la modernisation de la capacité de frappe longue portée est évidemment indispensable, d'autant plus que la capacité actuelle sera bientôt frappée d'obsolescence. Nous menons actuellement des travaux sur la détermination du réel besoin opérationnel avec les états-majors des armées et l'EMA. Dans ce domaine, la première possibilité consiste à prendre une solution sur étagère, c'est-à-dire la solution HIMARS, qui a l'avantage d'exister mais introduit un risque de dépendance. L'autre possibilité serait de développer une solution souveraine nationale ou européenne.
Notre BITD dispose de compétences dans ce domaine grâce à des sociétés comme MBDA, Ariane ou Safran, avec lesquelles nous discutons. Dans tous les cas, il faudra opérer un choix en prenant en compte les délais et les coûts. Nous allons ainsi demander à nos industriels de formuler leurs meilleures propositions en fonction de l'expression de besoins. En tout état de cause, il est prévu d'y consacrer 600 millions d'euros sur la période de la LPM, avec treize systèmes disponibles dès 2028 et une cible finale qui pourrait atteindre plusieurs dizaines d'unités.
Ensuite, le calendrier de l'ASN4G est classifié. De même, je préfère traiter des SAMP/T et de l'alerte avancée dans la partie huis clos de cette audition. Par ailleurs, le recrutement constitue effectivement un enjeu stratégique et nous devons veiller à assurer l'attractivité du secteur de la défense pour les jeunes générations. Ceci nous conduit à identifier les compétences critiques, dans les domaines techniques mais aussi pour les soudeurs, les ajusteurs de précision et les maquettistes. Nous devons donc travailler assez tôt avec les entreprises, mais également avec les écoles, en utilisant des modèles comme ceux de l'apprentissage ou de l'alternance.
Je crois également à la faisabilité d'une réserve dans l'industrie de défense, de la même manière que je suis convaincu de la nécessité de renforcer la réserve propre de la DGA. Notre objectif consiste à disposer de 2 000 réservistes gérés par la DGA et recrutés dans un premier temps parmi les futurs personnels et les jeunes retraités des industriels. Les besoins ont été identifiés grâce à des discussions avec des entreprises comme Arquus, Thales, Airbus, Naval Group, mais aussi avec les services de soutien. La DGA n'est pas épargnée, puisqu'elle est soumise à une rude concurrence face à nos industriels de défense. Nous menons donc un travail sur les parcours professionnels, pour permettre aux personnels de passer de l'industrie vers la DGA et inversement, en valorisant les compétences acquises dans ces deux domaines et dans le respect de la déontologie.
Nos approvisionnements en matière de munition sont sécurisés, nous ne risquons pas de rupture, notamment sur les calibres 7.62 et 5.56. Une filière nationale pourrait être envisageable sous réserve qu'elle soit compétitive. Nous ne fermons pas la porte à cette éventualité et nous pourrions soutenir au moins le lancement d'une nouvelle filière si elle était proposée, mais à condition qu'elle soit soutenable dans la durée.
Enfin, vous avez évoqué le rapport de la Cour des comptes sur la DGA EM. Nous disposons d'un programme de modernisation en matière de dissuasion, qui vise à moderniser les capacités d'essais descentres. Les budgets d'investissements de la DGA sont en augmentation dans les mêmes proportions que les programmes, ce qui est assez vertueux.