L'un de nos programmes à effet majeur (PEM) concerne effectivement la défense sol-air basse couche. Nous conduisons actuellement une analyse de la valeur du besoin pour savoir s'il est plus efficace d'utiliser un canon, des armes à énergie dirigée ou un missile. Nous devons arbitrer entre le calibre, le coût, la mobilité et l'efficacité. Ce domaine illustre notre nouveau prisme de réflexion à chaque fois que nous lançons de nouveaux systèmes.
S'agissant du drone Neuron, les différentes actions en matière de furtivité et de manœuvrabilité sont intégrées dans notre feuille de route sur le futur de l'aviation de chasse. Nous conduisons également des réflexions sur la dronisation d'avions de combat dans le cadre du SCAF. Celui-ci concerne un avion de nouvelle génération doté d'un cloud de combat et intégrant deux ailiers dronisés. Ceci implique de travailler sur les capacités de robotisation d'un avion sans pilote et d'interaction avec un avion piloté et le pilote lui-même. Nous menons également d'autres travaux dont je ne peux parler car ils sont classifiés.
Par ailleurs, la transformation de la DGA prend en compte les retours du terrain afin de mener à bien la simplification. Celle-ci peut reposer sur différents modes opératoires. Il s'agit notamment de se fonder sur un certain nombre d'acquis obtenus lors des dernières années. Vous savez que l'instruction ministérielle 1618 porte sur la simplification et la modification des opérations d'armement. Elle implique par exemple de conduire un travail en plateau entre la DGA, l'EMA et les industriels, particulièrement dans l'élaboration du document unique de besoin. Cette approche incrémentale consiste à disposer d'une capacité le plus tôt possible et nous travaillons beaucoup avec l'industrie pour optimiser les essais, afin d'éviter des travaux séquentiels et/ou redondants. Après quelques années, le bilan atteste que les gains sont assez visibles, mais nous devons poursuivre cette boucle, qui s'intègre à la « communauté de destin » avec les forces, dont j'ai parlé précédemment.
Dans le cadre des chantiers sur l'économie de guerre, nous avons conduit une réflexion sur la simplification à apporter. Elle concerne l'analyse fonctionnelle de la valeur que j'ai déjà évoquée, qui repose en partie sur la chasse à la sur-spécification, mais implique également de travailler de manière différente. Je pense ici notamment à COLIBRI et LARINAE, les deux appels à projets que nous avons lancés : nous n'avons pas demandé aux industriels de nous fournir un système mais de répondre aux effets que nous voulions produire. Par exemple, dans COLIBRI, nous souhaitions avoir un système capable de neutraliser une menace blindée à cinq kilomètres. Nous souhaitons disposer rapidement d'un système bénéficiant d'une autonomie sur zone, économique et facile pour se former. Telles sont les caractéristiques du cahier des charges que nous avons transmis aux industriels, ce qui les a d'ailleurs beaucoup surpris. Cette démarche a fortement stimulé le tissu industriel.
Nous voulons également gagner en réactivité : nous mettons en place une force d'acquisition réactive pour nous permettre de répondre au juste besoin des forces, dans un délai maximum de trois ans entre l'expression des besoins et la phase de livraison pour les systèmes les plus complexes.
Il s'agit en outre de simplifier les normes, par exemple la navigabilité des drones. Dans ce domaine, un décret cherche à développer une approche pragmatique et dépendante de la nature du drone, pour faciliter les essais. Nous cherchons également à faire évoluer nos modes de management. À cet égard, les industriels nous reprochent fréquemment nos exigences en matière de documentation, mais celles-ci sont nécessaires car nous n'avons pas toujours en confiance avec les capacités de l'industrie à répondre à nos besoins en exécutant le programme dans les bonnes conditions. Autrement dit, nous menons un dialogue constant avec l'industrie : nous acceptons de demander moins de documentation en échange d'une plus grande transparence dans les procédures internes des industriels. En résumé, le chantier simplification est suivi au plus haut niveau et j'ai d'ailleurs demandé la fourniture d'indicateurs mensuels afin de progresser dans ce domaine.
Enfin, la prise en compte du besoin et des retours terrain est essentielle. Je souhaite une plus grande perméabilité des ingénieurs et des techniciens de la DGA au sein des forces. Plus d'une vingtaine de nos collaborateurs ont ainsi été insérés dans l' exercice majeur ORION, qui se conclut jeudi prochain. Notre volonté est de faciliter l'accession, l'interopérabilité et la discussion entre nos ingénieurs, ceux qui conçoivent les systèmes et ceux qui les utilisent tous les jours. Tel est le sens des parcours que nous essayons de mettre en place pour intégrer systématiquement les retours terrain dans la conduite de nos opérations d'armement.