Je vous remercie d'avoir insisté sur la défense de nos valeurs. J'ai beaucoup travaillé sur ce sujet pour la partie thématique de mon rapport. Pour garantir la bonne compréhension de la politique française et notre influence, il est important que nos valeurs ne soient pas à géométrie variable. J'ai défini un triptyque de l'influence, qui repose sur l'exemplarité, l'ouverture aux partenaires et à leurs attentes, ainsi que notre indépendance d'appréciation.
Parmi les nouveaux espaces de conflictualité, vous avez évoqué les drones. Nous sommes face à un dilemme opposant la nécessité de ne pas avoir de décrochage technologique et celle de maintenir la rusticité de nos moyens. Lors de notre cycle d'auditions, j'ai eu l'occasion d'évoquer l'influence qu'avait eu sur notre doctrine le chercheur Henrotin, auteur d'un article intitulé « Le drone, figure aérienne du mal ? » Est-il possible de juger d'une technologie avec des valeurs ? Le sens d'une arme réside dans la manière dont elle est utilisée par rapport aux règles d'engagement. Les a priori qui conduisent à mettre d'emblée certaines technologies de côté risquent d'entraîner un décrochage mortifère : on l'a vu avec les drones. Lors de mon déplacement en Mauritanie, j'ai pu constater que des drones capables de surveiller des milliers de kilomètres de frontières constituaient la principale demande des autorités. Trouver un équilibre entre technologie et rusticité de nos moyens sera l'un des enjeux du quinquennat.