En 2021, les entreprises du CAC 40 ont dégagé des profits records : près de 160 milliards d'euros contre 100 milliards en 2007. Selon une étude publiée en août 2022, ces résultats ont conduit à une distribution de plus de 44 milliards d'euros de dividendes aux actionnaires au cours du deuxième trimestre. Le mois dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a mis en exergue le poids des profits des entreprises dans l'inflation observée dans la zone euro ces dix derniers mois, au détriment des consommateurs et des salariés. Selon ces calculs fondés sur les données d'Eurostat, ce sont les bénéfices qui ont représenté la part principale des pressions exercées sur les prix de la zone euro depuis 2021, plutôt que les coûts de main-d'œuvre et les taxes.
En France, à partir du troisième trimestre 2022, alors que les prix de l'énergie et des matières premières refluaient, des entreprises ont reconstitué leur marge en relevant leurs prix au-delà du seul renchérissement de leurs coûts. De fait, les entreprises auraient participé à l'inflation. Si on prend en compte le secteur de l'énergie et des transports, elles auraient contribué pour 37 % à l'augmentation des prix jusqu'au quatrième trimestre 2022. La première question est alors de savoir dans quelle mesure les entreprises françaises ont alimenté l'inflation en augmentant leur marge.
Par ailleurs, en période d'inflation, un profil nominal peut correspondre à une perte réelle : plus les taux d'inflation montent, plus les profits apparents peuvent induire en erreur les parties prenantes, en laissant croire que les entreprises seraient en meilleur état qu'elles ne le sont. En effet, les calculs d'inflation peuvent amener à la sous-évaluation très forte de certains actifs, comme les actifs immobiliers. Selon vous, l'inflation ferait-elle gonfler artificiellement les profits ?