L'étude menée n'avait pas vocation à étudier l'ensemble des dimensions de la problématique. En cela, elle différait d'un rapport dont l'ambition aurait été de mener une analyse exhaustive des coûts et des bénéfices du modèle Uber.
Sur le marché de l'expertise, les experts doivent faire preuve de sérieux et de déontologie sous peine d'affecter leur réputation. Pour information, je n'ai réalisé, dans ma carrière universitaire, que deux études lucratives, la première pour Uber, la seconde pour Free. Ces deux entreprises étaient malmenées en raison de leur côté disruptif. Jj'avais toutefois l'intuition qu'elles apportaient de la valeur à la population. Dans le cadre de l'enquête menée pour Uber, il me fallait m'assurer de la légalité des choses, du respect de la déontologie propre à la communauté scientifique et de la déclaration de ce qui devait l'être. Il m'importait également de ne pas déroger à ma déontologie personnelle.
Si l'on restreignait la prise de parole des chercheurs dans le débat public, ceux-ci pourraient, in fine, être déconnectés de la réalité. D'aucuns pourraient être tentés de ne pas échanger avec des chefs d'entreprise, par exemple, pour échapper à tout soupçon ou éviter certains biais. En cela toutefois, ils se priveraient d'une proximité utile vis-à-vis de l'objet de recherche. En la matière, il est essentiel de trouver un juste et subtil équilibre.