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Intervention de Augustin Landier

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 14h30
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Augustin Landier, professeur d'économie à l'école des Hautes Etudes Commerciales de Paris (HEC Paris) :

Pour information, je suis économiste universitaire. À ce titre, j'ai vocation à produire des papiers de recherche qui sont publiés dans des revues à comité de lecture. En parallèle, j'exerce, généralement à titre gracieux, des activités de conseil au Gouvernement ou à de grandes organisations. À titre d'illustration, j'ai travaillé durant cinq ans pour le conseil d'analyse économique. J'ai également collaboré avec le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque centrale européenne (BCE).

En ma qualité d'économiste spécialisé dans la finance d'entreprise, j'interagis avec l'écosystème des entreprises, aux fins d'analyser leur processus décisionnel et de mesurer les conséquences, sur leurs problématiques, des changements technologiques. Dans ce cadre, les interactions peuvent être de trois natures.

Les interactions peuvent être purement conversationnelles. Elles reposent alors sur des rencontres avec les entreprises, aux fins de comprendre leurs problématiques et de valider – ou non – la manière dont certaines évolutions, par exemple numériques, sont décrites dans nos recherches.

Les interactions peuvent aussi être académiques ou relever de partenariats de recherche. Elles s'appuient alors sur des données apportées par les entreprises, lesquelles n'ont toutefois aucun contrôle sur le contenu des publications et leur devenir ou usage.

Les interactions peuvent également être lucratives et s'inscrire dans le cadre d'une prestation de conseil. Les conclusions des analyses menées peuvent alors demeurer confidentielles. Les entreprises, à titre d'exemple, s'interrogent parfois sur l'optimisation de l'utilisation de leurs données. Elles peuvent également souhaiter objectiver, analyser ou clarifier certains pans de leurs activités, qu'elles estiment mal perçues dans le débat public.

Dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, Uber souhaitait clarifier son activité, et notamment le rôle de ses chauffeurs, dont il apparaît qu'ils travaillent pour l'essentiel à plein temps et qu'ils ont des origines sociodémographiques « particulières ». Elle entendait également démontrer l'exposition au risque de chômage de cette population, en cas de perte de leur emploi.

L'idée était de s'appuyer sur un sondage réalisé par un institut de sondage classique, disposant de la liste d'un échantillon de chauffeurs Uber représentatifs, ainsi que sur les données internes d'Uber, concernant la fréquence des courses et les recettes associées. Il s'agissait ensuite de coupler ces éléments avec des données de l'Insee, afin de comparer les chauffeurs Uber au reste de la population.

Tel était l'objet de l'étude réalisée, intitulée « Travailler sur une plateforme internet : une analyse des chauffeurs utilisant Uber en France » et publiée en mars 2016. Publique, celle-ci précisait clairement, dans sa première page, qu'elle avait été commissionnée par Uber.

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