Intervention de Benjamin Haddad

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 14h30
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenjamin Haddad, président :

Mes chers collègues, nous avons l'honneur d'accueillir plusieurs experts ayant travaillé avec la société Uber en 2015-2016 et cités dans le cadre des Uber files. Monsieur Bouzou, monsieur Landier et monsieur Louvet, nous vous remercions d'être avec nous aujourd'hui pour évoquer vos travaux de l'époque sur le secteur des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) et vos liens avec la société Uber et réagir aux éléments vous concernant contenus dans les révélations des Uber files.

À partir du 10 juillet 2022, plusieurs membres du consortium international des journalistes d'investigation ont publié ce qu'il est désormais convenu d'appeler les Uber files. S'appuyant sur 124 000 documents internes à l'entreprise américaine datés de 2013 à 2017, cette enquête a dénoncé un lobbying agressif de la société Uber pour implanter en France, comme dans de nombreux pays, des VTC venant concurrencer le secteur traditionnel du transport public particulier de personnes réservé jusqu'alors aux taxis.

Dans ce contexte, notre commission d'enquête poursuit deux objectifs. Le premier est d'identifier l'ensemble des actions de lobbying menées par Uber pour pouvoir s'implanter en France et le rôle des décideurs publics de l'époque et d'émettre des recommandations concernant l'encadrement des relations entre décideurs publics et représentants d'intérêts. Le second est d'évaluer les conséquences économiques, sociales et environnementales du développement du modèle Uber en France et les réponses apportées par les décideurs publics en la matière.

Les Uber files soulignent que la société Uber aurait eu recours à des experts de renom pour disposer « de preuves scientifiques ou académiques soutenant [ses] arguments ». Il se serait agi, pour la société Uber, de de se servir de ces preuves dans le cadre de sa stratégie de lobbying, de manière à convaincre les décideurs publics de l'époque du bien-fondé de son modèle.

Notre commission souhaite connaître les raisons pour lesquelles vous avez été conduits à travailler pour la société Uber en 2015-2016. Avez-vous été démarchés par Uber ou l'avez-vous contactée vous-même ? Pour quelles raisons ? Quel type d'études lui avez-vous rendu ? Ces études ont-elles été publiées ?

Les Uber files critiquent également le fait que M. Bouzou et M. Landier, en particulier, aient communiqué dans les médias sur le contenu de leur étude pour soutenir le modèle Uber. Était-ce prévu dans le contrat passé avec Uber ? S'agissait-il d'une démarche classique de votre part ? Cela vous semble-t-il poser un problème sur le plan déontologique ou éthique ?

Cette audition est l'occasion de vous permettre de nous donner votre version des faits. Il serait également intéressant de nous indiquer de quelle manière, avec le recul, vous évaluez vos travaux de l'époque, notamment leur pertinence pour comprendre le développement du modèle Uber. En outre, comment percevez-vous les motivations de la société Uber ?

Je vous remercie d'avance pour la qualité de vos réponses. Je vous rappelle que cette audition est ouverte à la presse et qu'elle est retransmise en direct sur le site de l'Assemblée nationale.

Avant de vous laisser la parole pour vous présenter en quelques minutes et répondre à ces premières remarques et questions et avant d'entamer les échanges avec mes collègues, je vous rappelle que l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires impose aux personnes entendues par une commission d'enquête de prêter serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

Je vous invite donc à lever la main droite et à dire, l'un après l'autre : « Je le jure », après avoir activé votre micro.

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